voilacestdit

Où en est-on de l'affaire K. ?


C'est quand même pas un petit problème, pour nous s'entend, de savoir si la charge de Péan est un pétard mouillé, ou non.


Je ne me mets pas à la place de K. Il a paraît-il son honneur : "K. reste drapé dans son honneur", titrait un quotidien. L'honneur, on le sait, ne sert qu'une fois : comme les allumettes. Supposons. Quant à sa sainte indignation à la télé, elle ne me touche pas vraiment. Elle a peut-être les accents de la sincérité, mais les gens sincères ne sont pas forcément honnêtes.


Le problème est qu'on ne peut pas rester sur cette suspicion sans en savoir plus.


Les avocats de K. crient haut et fort pour sa défense qu'il ne risque rien sur le plan légal.


Mais la question, pour nous citoyens, n'est pas là. Elle est sur le plan moral. C'est d'aillleurs sur ce plan, moral, qu'à ses dires s'est placé Péan : "Je parle d'une distorsion entre ce que K. fait d'une façon générale et l'image qu'ont les Français de lui. L'image, c'est le chevalier blanc avec le socle de la morale. Je trouve dès le début des années 1990 un certain nombre de choses qui ne sont pas en accord avec cette image".


Au-delà du problème de l'image de K. [dont, au demeurant, on peut n'être pas sensible], ce qui est en question, c'est : est-on réellement en démocratie ? Car la morale est partie intégrante de la démocratie.


Je m'inquiète fort, de ce point de vue, de la banalité [au sens d'Hannah Arendt : la banalité du mal] de l'argument avec lequel K. s'est défendu à la télé. Il a dit, en substance : Cherchez un homme politique qui n'a jamais été compromis...  Ben voyons.


C'est ce que j'appelle le "syndrôme Carignon", du nom de l'ancien maire de Grenoble, qui n'a toujours pas compris [sincèrement ?] pourquoi il avait passé quelques années derrière les barreaux : puisque tous les politiques usaient des mêmes compromissions...  Ben voyons.


Cette banalité de l'a-moral peut tuer la démocratie.


Nous ne devrions pas dénigrer mais pressentir le monde [René Char]