Mort d'un immortel
Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines ?
Ami, entends-tu
Les bruits sourds du pays
Qu'on enchaîne...
Peu de gens savaient que Maurice Druon, qui vient de disparaître, était l'auteur - avec son oncle Joseph Kessel - des paroles du Chant des partisans (1943), qui a été l'hymne de l'armée des ombres.
Ce poème, dira Druon, "a été écrit de ma main, de bout en bout, dans la campagne anglaise", cette campagne qu'il avait rejointe en 1942 après s'être évadé de la France occupée et s'être engagé dans les rangs de la France libre à Londres.
Le jeune Druon résistant est unanimement reconnu. Le Druon ministre de la Culture (1973), membre de l'Académie française depuis 1966, l'a été moins. Ses paroles à l'encontre du monde de la création, revendicatif dans l'après-68, passeront mal : "Ceux qui viennent à la porte du ministère avec une sébile dans la main et un cocktail Molotov dans l'autre devront choisir".
Faut-il pour autant enfermer une vie qui avait ses convictions, quelquefois décalées, dans une formule étroite, comme le fait Libé : "Maurice Druon, jeune résistant, vieux réac" ?
Druon était pour une part un homme du passé, un passé diversifié. Ses origines familiales se partageaient entre le Languedoc, les Flandres, le Brésil et la Russie. Il était aussi l'arrière-neveu du poète Charles Cros.
De ce passé il a nourri sa prolifique production littéraire nous le rendant présent à travers elle. Cette oeuvre mérite reconnaissance. Car l'exercice de mémoire collective est d'autant plus nécessaire que nous vivons dans un monde qui a tendance à considérer que "tout ce qui précède appartient à un domaine confus, à un magma indifférencié que l'on pourrait appeler une sorte de temps virtuel" [Jacqueline de Romilly], comme si la réalité ne commençait qu'avec notre propre naissance.
Au Ve siècle av. J.-C., le maître Protagoras disait, dans Platon, que les jeunes Athéniens avaient intérêt à lire Homère, car ils y puiseraient des modèles de vie héroïque qui devaient leur donner envie de les imiter.
Ne devrions-nous pas, pour servir d'ancrage au présent, chercher dans notre passé collectif quelques modèles ?
Ami si tu tombes
Un ami sort de l'ombre
A ta place.
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines ?
Ami, entends-tu
Les bruits sourds du pays
Qu'on enchaîne...
Peu de gens savaient que Maurice Druon, qui vient de disparaître, était l'auteur - avec son oncle Joseph Kessel - des paroles du Chant des partisans (1943), qui a été l'hymne de l'armée des ombres.
Ce poème, dira Druon, "a été écrit de ma main, de bout en bout, dans la campagne anglaise", cette campagne qu'il avait rejointe en 1942 après s'être évadé de la France occupée et s'être engagé dans les rangs de la France libre à Londres.
Le jeune Druon résistant est unanimement reconnu. Le Druon ministre de la Culture (1973), membre de l'Académie française depuis 1966, l'a été moins. Ses paroles à l'encontre du monde de la création, revendicatif dans l'après-68, passeront mal : "Ceux qui viennent à la porte du ministère avec une sébile dans la main et un cocktail Molotov dans l'autre devront choisir".
Faut-il pour autant enfermer une vie qui avait ses convictions, quelquefois décalées, dans une formule étroite, comme le fait Libé : "Maurice Druon, jeune résistant, vieux réac" ?
Druon était pour une part un homme du passé, un passé diversifié. Ses origines familiales se partageaient entre le Languedoc, les Flandres, le Brésil et la Russie. Il était aussi l'arrière-neveu du poète Charles Cros.
De ce passé il a nourri sa prolifique production littéraire nous le rendant présent à travers elle. Cette oeuvre mérite reconnaissance. Car l'exercice de mémoire collective est d'autant plus nécessaire que nous vivons dans un monde qui a tendance à considérer que "tout ce qui précède appartient à un domaine confus, à un magma indifférencié que l'on pourrait appeler une sorte de temps virtuel" [Jacqueline de Romilly], comme si la réalité ne commençait qu'avec notre propre naissance.
Au Ve siècle av. J.-C., le maître Protagoras disait, dans Platon, que les jeunes Athéniens avaient intérêt à lire Homère, car ils y puiseraient des modèles de vie héroïque qui devaient leur donner envie de les imiter.
Ne devrions-nous pas, pour servir d'ancrage au présent, chercher dans notre passé collectif quelques modèles ?
Ami si tu tombes
Un ami sort de l'ombre
A ta place.
A découvrir aussi
Retour aux articles de la catégorie Billets d'humus -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 104 autres membres