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Le paradis, un peu plus loin

  Dans la suite de mon dernier billet, voici quelques réflexions d'Alexandre sur le bouclage de son tour du monde. Je lui laisse la parole :

 

 

 "Je suis, en racontant mes voyages, comme j'étais en les faisant ; je ne saurais arriver."

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions

 

21 décembre, l'avion se pose à Orly. Il fait encore nuit et il pleut ; retour à la réalité.

 

La densité en événements de cette année 2011 en a déjà rendu les souvenirs compacts ; il ne restera bientôt que des îlots isolés de sensations fortes. Et que de contrastes ! De la langueur du lagon de Bora Bora à la violence des volcans de Java, des plages branchées du Brésil à la vie d'ermite en mer Egée, des pizza mythiques de Naples au huoguo le plus pimenté du monde dans les boui-boui miteux du Xishuangbana, des 5 tonnes de l'éléphant dont j'ai partagé le bain aux 400 de poussée de Soyouz s'élevant dans la nuit de Kourou, des errements sans fin sur le plateau tibétain à la traversée de la cordillère des Andes par le chemin le plus improbable...

 

Paradoxalement, c'est après avoir goûté tant d'exotismes que je me suis remis à apprécier la France. Notre modèle de société est rare, fragile et précieux. Partout nous avons vu les riches, vraiment riches, devenir plus riches, et les pauvres, manquant de tout, devenir plus pauvres. Partout les pays émergents recopient, en pire encore, un modèle individualiste basé sur le capitalisme financier dont on voit bien qu'il mène au désastre. La Chine ou le Brésil sont en train de devenir des monstres ; ils auront bientôt dépassé le maître américain. Les Français ont de la chance, mais ne le réalisent pas. L'Etat nous doit tout, et nous ne devons rien à l'Etat (bon, j'avoue, j'ai beaucoup lu Rousseau cette année!). Si on ne change pas, l'espèce menacée de notre modèle social s'éteindra. Mais comment changer ? Si je le pouvais, j'enverrais chaque Français un an par le monde.

 

Et moi qui pensais atteindre la sagesse ! Je me voyais revenir l'oeil brillant, le sourire en coin, énigmatique, dans une posture fort confucianiste, connaissant en tout la réponse définitive. Quelle déception ! Toujours pas de réponses aux questions existentielles. Le vrai changement, c'est qu'il n'y a plus de questions. Ce qui m'apparaissait avant comme une décision vitale -- par exemple, s'installer au retour à Paris ou San Francisco ? --, je sais maintenant que ça n'a aucune importance. Dans chacun des deux cas, la vie peut être très belle ou très affreuse, et cela ne dépend que de nous. Ce qui compte ce n'est pas la décision en elle-même, mais ce qu'on fait une fois qu'elle est prise.

 

7 janvier 2012, l'avion décolle de Roissy ; il pleut toujours, et le vent se lève.

 

Alexandre

 

 

 

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Suivez-moi sur Twitter : @voilacestdit

 



10/01/2012
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