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Et si la Chine avait raison ?

 

Les lignes qui suivent, extraites du dernier post de mon fils Alexandre, qui, dans son périple, s'est rapproché de l'Europe, ont quelque chose de dérangeant. L'auteur - c'est la vertu, la force de la jeunesse - ose dire tout haut, en clair, ce que sans doute un certain nombre parmi nous sont près de penser, mais cela reste refoulé dans un coin de l'esprit, ce n'est pas vraiment pensé, pas porté à la conscience claire. Il ne s'agit pas tant de pessimisme que de lucidité. Et dites comme cela, les choses peuvent être débattues. Il ne fait aucun doute que notre modèle de démocratie est mis à mal - ne parlons même pas de l' idée de le vouloir exporter à coups de canons ! ce qui est le nier dans son essence - il faut en comprendre les limites internes pour les dépasser. L'une de ces limites est la réelle difficulté à prendre des décisions pour le bénéfice de tous - le bien commun -1) rapidement 2) sur le long terme 3) sans reculer devant le premier lobby venu.

 

 

Et si la Chine avait raison ?

Les longs trajets à moto ont ceci de particulier qu'on ne peut ni parler ni somnoler. Alors, les pensées s'égarent.
J'ai à peu près perdu toute confiance dans notre capacité à réformer notre société. Quand je dis réformer, je parle de changements en profondeur, pas d'ajustements d'un taux quelconque ou de mesure Sarkozy au lendemain d'un fait divers. Chaque décision, le temps de passer au travers des différents lobbies, partis, intérêts particuliers, etc. est tout à fait vidée de sa substance avant de devenir décret - quand elle le devient.
La goutte d'eau qui a finalement éteint ma dernière lueur d'espoir fut de lire qu'en Grèce, les réformes cruciales sont freinées depuis le début de l'année en particulier par... les taxis. Oui, en Grèce comme en France les taxis ont semble-t-il beaucoup de pouvoir ! Votre pays coule, il reçoit des milliards d'euros humiliants, et vous bloquez une réforme parce qu'il vous semble que votre acquis pourrait s'y trouver un peu égratigné.
Alors j'ai de plus en plus la conviction que nous ne réformerons rien. Nous toucherons le fond, nous perdrons tout, et alors nous pourrons construire quelque chose de différent et de nouveau.
La Chine nous offre une approche très différente. (Et qu'on ne m'accuse pas d'être pro-régime Chinois, voir nos posts ici, ici, ici et ici !) On peut - et on doit - exécrer les excès totalitaires et la corruption générale régnant sur le pays, mais il faut admettre qu'au Comité Central tout en haut, il y a quelques personnes qui 1/ recherchent réellement le progrès du pays (cela parait évident, mais quand on regarde de plus près nos chers politiciens, cela ne l'est plus) ; et 2/ ont un pouvoir exécutif absolu. Voyons deux exemples.
A la fin des années 70, la Chine se rend compte qu'elle court à la catastrophe démographique. Décision : un seul enfant par couple. Trente ans plus tard, on considère que la démographie chinoise est stabilisée.
Années 80, début de crise du logement. Décision : âge limite de mariage, 20 ans pour les filles, 22 pour les garçons (dans un pays où l'âge de consentement sexuel est de 14 ans, et où traditionnellement les couples se mariaient très tôt).  Les gens habitant chez leurs parents jusqu'au mariage, la carence de logement s'améliore soudainement. (Cette loi supportant par ailleurs l'application de la précédente.)

 

Ce pouvoir est à la fois séduisant et terrifiant. Séduisant car on voit bien que les vraies solutions sont apportées par des décisions radicales, qui ne passent pas par la validation du syndicat des taxis, et que personne ne prendrait avec une élection à venir. Et terrifiant parce que la décision peut être mauvaise, et dangereuse. Il n'y a pas de garde-fou.
Le trouble augmente quand on se rend compte que si ces membres du Comité Central sont (à mon avis) réellement à la recherche du progrès de leur pays, et non pas obnubilés par les prochaines élections... c'est qu'il n'y a pas de prochaines élections ! Ils sont là, ils savant qu'ils y resteront, ils se foutent des sondages d'ailleurs inexistants. Débarrassés de cette contrainte, il peuvent se consacrer au pays.

Je suis conscient que la pente est glissante de ces propos vers une éloge du totalitarisme. Voyons-y plutôt un questionnement du modèle démocratique inventé par les Grecs il y a plus de deux mille ans. Mon père me rappelle que la démocratie grecque, contrairement à la notre, était directe : les cités étant peu importantes, pour prendre une décision tous les membres, 400 ou 500, se réunissaient sur l'agora. Il n'y avait pas de représentants. Il me dit aussi que beaucoup considèrent que "la démocratie, loin d'être le meilleur des régimes, est au mieux le moins mauvais". Sans doute est-ce vrai, mais ne devrions-nous pas le remettre en cause un jour, ou au moins en modifier les paramètres.



13/09/2011
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