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L'étonnante intuition d'Anaximandre

 


En quoi consistent les choses ?

Par le passé on a utilisé le terme d'être pour désigner en quoi consistent les choses - la réalité fondamentale. Aujourd'hui, la physique nous apprend qu'il faut recourir à un autre terme, celui d'énergie. La fameuse formule d'Einstein E = mc² a modifié notre représentation du monde. Ce qui nous apparaît statique, compact, immobile, ce que nous voyons, ce que nous touchons, tout cela arrive à l'être grâce à un mouvement tourbillonnaire incessant - tout cela est énergie.

Que la substance du monde soit un mouvement continu, comme nous l'apprend la physique moderne, certains des premiers "physiciens", dans la Grèce antique, en ont eu comme une sorte d'intuition.

Ce que recherchaient ces premiers physiciens [du grec physis qui signifiait "nature"] c'était, précisément, quelle pouvait être la nature de la substance du monde : au-delà des apparences quel réel, au-delà du multiple quelle unité etc. - quelle substance-mère, étoffe commune à tout ce qui existe ? Pour Thalès de Milet (vers 625-545),  [le Thalès du fameux théorème], c'était l'eau ; pour Anaximène (vers 586-526), c'est l'air ; pour Héraclite (vers 567-480) ce sera le feu... L'eau, comme source de vie, l'air, le souffle, le feu, qui procure la chaleur...

Cependant un autre de ces physiciens, Anaximandre (vers 610-545), ami et disciple de Thalès, mais peu connu [que n'a-t-il inventé un théorème !], a une vision différente des choses, très "moderne" si je puis dire. Cet Anaximandre est un grand savant. Il fut le premier à dresser une carte de géographie, il inventa l'horloge, fut le premier à construire un cadran solaire, découvrit le zodiaque - et forma l'idée que l'apparition de l'homme sur la Terre était le résultat d'une lente évolution biologique, faisant descendre l'homme du poisson...

Pour Anaximandre donc, il ne convient pas d'identifier cette étoffe commune aux choses avec quelque substance, eau, air, feu... qui tombe sous nos sens. La réalité fondamentale, il faut la  rechercher, nous dit-il, en-deçà de toute réalité déjà définie, dans un "principe" qu'il appelle du mot grec apeiron, qu'on peut traduire "ce qui n'a pas encore de limite" ou "ce qui n'est pas encore déterminé" - ce "pas-encore-déterminé" étant une sorte de matrice d'où tout provient, et où tout retourne. Anaximandre ajoute que ce mouvement est perpétuel, et que le vrai principe est ce mouvement perpétuel.


Étonnante intuition que la substance-mère  des choses n'est pas à chercher dans une substance primordiale - eau, air, feu - mais du côté d'un principe - qui est un mouvement continu. Les choses, les êtres - inanimés, vivants - sont une partie du processus de l'énergie primordiale. La nature est le lieu de naissance de l'être. Naître c'est entrer dans la finitude, et mourir, c'est retourner au principe.

Cette intuition a toujours continué de faire son chemin dans les esprits, mais comme un petit filet d'eau qui quelquefois disparaît dans la terre, pour reparaître plus loin, étroit mais toujours tenace...

En témoigne l'étymologie du mot "nature" :  le terme latin natura vient du verbe "naître" [nascor, nasci] par abréviation du participe futur nascitura, c'est-à-dire "ce qui est devant toujours encore naître". Le terme grec pour "nature", physis, contient la même racine qui signifie "engendrer, naître".

 

 

Simplicius.

 

Anaximandre, de Milet, successeur et disciple de Thalès, a dit que l'apeiron est le principe et l'élément des choses qui sont, étant du reste le premier à user du terme de principe. Il dit qu'il n'est ni l'eau, ni rien d'autre de ce que l'on dit être des éléments, mais qu'il est une certaine autre nature apeiron dont sont engendrés tous les cieux et tous les mondes qui se trouvent en eux. Ce dont la génération procède pour les choses qui sont est aussi ce vers quoi elles retournent sous l'effet de la corruption, selon la nécessité.

 

Hippolyte.

 

Il disait que le principe et l'élément des choses qui existent est l'apeiron ; il fut le premier à user du terme de principe ; en outre est éternel le mouvement dans lequel se produit la génération des cieux [...] Il disait encore que l'homme est engendré par un autre animal, plus précisément le poisson.

 

Thélistios.

 

C'est lui qui, le premier des Grecs que nous connaissons, osa composer et publier un ouvrage Sur la nature.


Strabon.

 

Anaximandre, parent et concitoyen de Thalès, nous a donné la première carte géographique.

 

Suidas.

 

Le premier, il découvrit les solstices, les équinoxes et l'horloge.

 

 

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23/01/2012
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