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Pourquoi le discours de Sarko ne passe pas


" Un exercice d'équilibriste plutôt habile" [LeMonde.fr] ... "Il garde le cap des réformes, mais il lâche du lest" [France Inter] ... voilà deux appréciations parmi d'autres de la prestation télévisée de Sarkozy ce jeudi.


Sarko, on le savait, excelle dans la forme. "A fond la forme" pourrait être, aussi, sa devise. Mais le fond ?


Un discours comme celui-ci, au temps fort d'une crise sans précédent, de dimension planétaire, qui n'épargne aucun pays ni personne, ne peut être banal, au sens d'ordinaire. La crise est exceptionnelle. La parole doit être exceptionnelle.


Or qu'entend-on ? Comme le dit le chroniqueur de France Inter : il garde le cap mais il lâche du lest... Pourquoi ce sentiment d'incomplétude ? Parce que le fond n'était pas là. Or le fond c'est ce qui fait qu'un discours réellement passe.


L'efficace d'un discours critique - j'en parlais dans le "billet d'humus" sur Obama : L'efficace du discours d'Obama - c'est précisément que le chef soit en capacité de dire [1] Vous ...  [2] Je ... [3] Nous ...


"Vous"... Sarko est-il en capacité de dire "Vous"... en s'adressant aux gens de la vie ordinaire ? La réponse est : non ! Il peut dire "Vous"... à ses amis financiers, patrons, à tous ceux de la haute société qui fréquentent le Fouquet's et autres lieux selects - mais pas aux chômeurs, laissés pour compte, travailleurs, gens de la classe moyenne etc... dont il s'est symboliquement et durablement coupé par ses frasques bling bling.


"Je" ... Là, pas de problème. Son volontarisme, son énergie inépuisable sont pour lui un vrai atout.


"Nous"... Là aussi le bât blesse. "Nous" ... c'est ce qui rassemble. Ce n'est pas un train de mesures qui peut rassembler. Un train ne rassemble pas - ou alors il s'appelle TGV, et ce train-là lorsqu'il fut lancé, ou le Concorde en son temps, ont fait rêver ! Le "Nous"... pour être entendu doit rassembler autour d'un projet collectif qui fait rêver !


Ainsi Bonaparte aux soldats d'Italie : il ne leur disait pas un vague "je vous comprends" mais : "Soldats, vous êtes nus, mal nourris, vous avez froid..." , il savait de quoi il parlait. Et il savait faire rêver : "Je vais vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde : de riches provinces, de grandes villes seront en notre pouvoir ; vous y trouverez honneur, gloire et richesse..."


Là est le fond : rassembler en faisant rêver autour d'un vrai projet collectif ! Le jour où l'on entendra I have a dream...

 


06/02/2009
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