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Tout le monde ne chausse pas du 35 (Episode 3)

A la manière de San-Antonio...
Tout le monde ne chausse pas du 35...
Episode 3
 

TOUS LES JOURS UN PEU PLUS D'ALTITUDE

 

 

 

 

Premier meetinge dans le vif du sujet : c'est le moment attendu de décoller pour de bon.

Okay. Mais pour ça, il faut rejoindre Evry ce lundi 1er février. Problème pour les ceusses

de Grenobole  qui prennent l'aéronef du petit matin. Eh bien, il n'y en a pas :

 

-      L'aéronef n'est pas là ?

-          Non... il est en retard... 

-          Et de combien ?

-          On ne sait pas vraiment... L'aréonef de Paris n'a  pas décollé ...

-          Ah bon ! Et pourquoi qu'il a pas décollé ?

-          Il est bloqué sur les pistes... par les agents de maintenance d'Air France, ils sont en

grève... contre les 35 heures

[Dialogue authentique avec le préposé d'Air France].

 

Voilà, au moins, on est dans le sujet, faute d'être à pied d'oeuvre. Prenant alors un prospectus

de réclame d'Air France qui affiche « Tous les jours prenez un peu plus d'altitude »,  et

promet « 300 F de réduction sur votre prochain vol », votre serviteur demande au préposé :

 

-          Est-ce que cette offre est toujours valable?

-          Oui, bien sûr

-          Donc, il y a un prochain vol.  Alors, c'est pour quand éguesactement ?

-           ? ? ?

 

Le deuxième degré n'étant apparemment pas accessible au préposé, on en resta là, c'est le cas

de le dire : lors le meetinge va débuter, à Evry, avec du retard, en l'absence des ceusses de

Grenobole, qui sont restés bloqués sur les terres gratinées [allusion sans doute au gratin

dauphinois].

 

Zinzin présente le projet de la direction, enfin pas tout, parce qu'il faut toujours en garder

par devers soi, mais c'est quand même morceau de choix. Les « 35 heures », tu vois, ça veut

pas vraiment dire 35 heures, il faudra qu'on trouve des arrangements, parce qu'il n'y a que

24 heures dans la journée, d'ailleurs ça serait mieux de compter en jours, et non pas en heures.

Il y aura les jours que tu « donnes »  à HP, et puis ceux que tu te gardes, parce que c'est

nouveau, ça vient de sortir, tu vas essayer de te garder des jours à toi, et à ta petite famille,

et à ce que tu veux, la-semaine-le-mois-l'-année-toute-ta-carrière, tu vois, des jours qui seront

comme une page blanche, tu écriras ce que tu veux dessus, des bouts de phrase, des poèmes,

des textes, de la prose, des graffitis, des tags, ou rien, mais c'est plus dur, enfin c'est ton truc,

si tu angoisses c'est que tu es au début de la liberté, tu vas te dépasser –alors, est-ce que c'est

pas un bon deal ? Tu bosseras différent, tu verras, parce que tu vivras différent : il faut bien

vivre, hein, alors autant vivre bien, et bosser mieux, et comme ça on sera encore plus

compétitifs, c'est tout gagné, non ?

 

Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous.

Il est moins à découvrir qu'à inventer.

                                                                                [Gaston Berger]

  

Silence dans la salle.

 

Mais,  La Rognée va pour agiter à bout de bras ses revendications : D'abord, pour les

CéGéTeux, il ne peut s'agir d'ARTT, mais de RTT un point c'est tout. [zob pour le A de

aménagement…]. Pas question de flexibilité. - Soit, dit Big Boss, on parlera de souplesse

[entre deux maux choisir le moindre], soyons flexible. Ensuite, qu'ils disent, on veut 10%

de temps de travail en moins, et 6% d'embauches. - Bien, dit Big Boss, ça fait 4% de gain

de productivité : on prend. Mais, se dit Big en aparté à part lui,  quand ils disent ce qu'ils

disent, que distillent-ils ?   Il n'eut guère le loisir  d'aller plus avant dans cette sage réflexion,

La Bergère prenait la parole.

 

I had a dream !  qu'elle dit à son tour, et à l'auditoire : Tous les chômeurs ont du boulot,

parce que tous les bosseurs chôment. C'est peut-être un peu subversif mais on  peut le réaliser. 

Vivement la semaine de 4 jours, le mois de 2 semaines, l'année de 6 mois, tu me suis moi ?

On veut des personnes à part entière, donc qui bossent deux fois moins :

 

L'imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes

incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et

subversives du désir, obtenir leur retour sous la forme d'une présence

entièrement satisfaisante. C'est alors l'inextinguible réel incréé.

                                                                                               [René Char]

 

Les autres ne pipent mot. On leur demande quels sont leurs desiderata,

mais ils sont pris un peu de court : comme des aveugles, pas trop regardant, tu vois, enfin

c'est un point de vue. Ils peuvent évidemment ménager des surprises auxquelles on ne

s'attend pas tout-à-fait, mais pour l'heure, ils sont cloués.  Le débat a atteint des altitudes,

que certes n'ont pas pris les aéronefs aujourd'hui. La suite risque quand même d'être plus

terre à terre et le sol un peu mouillé. Que dit la météo ?

 

Retour des averses et des orages avant la pluie

               [Le Dauphiné Libéré]

 

Ainsi les négos vont aller leurs cours – un genre plutôt long cours, si tu vois ce que je veux

dire. Je ne vais pas, or donc,  te conter la chose par le menu parce que, tu sais, ça n'a rien de

très affriolant : trente-cinq heurts, voilà.

 

 

 

                                     DEBRIS II

 

 

Et pendant ce temps-là quoi de neuf dans les aréopages ?

 

Depuis avril des doutes commencent à apparaître : la loi met bien du temps, même pas à

convaincre, mais simplement à décoller. On fait les comptes officiels :  38.745 emplois

supplémentaires créés, en brut, ou uniquement préservés  , pas un de plus,  - c'est pas

bezef, dis.  D'autant que là-dedans tu comptes, et pour plus de la moitié, quatre accords

d'entreprise publique, tu parles, des ceusses comme EDF-GDF, c'est sûr ils nous doivent

plus que la lumière, et là c'est pipeau tout net...

 

Du coup le directeur adjoint du cabinet de La mère emptoire commence à lâcher tout net

que peut-être bien que le 1er janvier 2000 ne doit pas être un couperet,  et que pourra

s'ouvrir alors une période de transition... C'est que vois-tu, il y a avis de gros temps :

le patronat, c'est sûr, est pas, mais pas du tout content. Depuis le La Martine m'a tuer

il ne décolère pas : la loi va trop  loin. Mais les syndicats, non plus, sont pas contents :

la loi va pas assez loin. Quant aux salariés (c'est vrai, il y a les salariés, ils allaient compter

pour du beurre), il y en a qui font grève... contre les 35 heures. Il y a aussi les députés, y

compris certains de la majorité plurielle, ils rechignent aussi.

 

La mère emptoire, selon ses propres termes, aime la « bagarre » politique. Elle va être

servie. Et peut-être ravie ?

 

Le patronat, sous la houlette du baron, organise à la veille de l'ouverture du débat à

l'Assemblée nationale une super manif. Tu vois le tableau : c'est les patrons qui

défileraient presque, pour le moment les voilà réunis à la porte de Versailles à Paris,

25.000 tous ronds qui écoutent le patron des patrons prendre à partie La mère emptoire :

« La première loi a été une erreur, qu'il assène, la seconde serait une faute ! ». Huées,

sifflets, quolibets ont salué le nom de La mère emptoire. Une pancarte ne proclamait pas,

comme du temps de Mongénéral, « Mort aux cons ! » (A quoi Mongénéral avait répondu :

« Vaste programme ! »), mais « Aubry, c'est fini » :  fini le mépris des bureaucrates pour

ceux qui prennent des risques, fini le mépris de ceusses qui bullent, fonctionnaires, etc...

pour ceusses qui créent de la richesse ... Vaste programme aussi, somme toute ! pour

abroger une loi  100% ringarde,  qu'ils disent les patrons d'une seule voix.

 

Les CéGéTeux,  de leur côté, ne se veulent pas de reste : ils ont leur manif, tout seuls,

qui réunit 7.000 clampins selon la police, 25.000 selon les mecs qui organisent (tiens :

25.000 c'est tout juste le chiffre des patrons, ça tombe bien), et ceusses-là, ils disent tout

le contraire des patrons : la loi va pas assez loin !

 

Trop loin, pas assez loin, tout de travers disent des salariés qui font grève contre des

accords signés par les syndicats, alors où est-ce qu'on va ?, je vous le demande ...

 

La mère emptoire le reconnaît : J'ai un côté besogneux, qu'elle dit. Vu la simplicité de

son projet de loi, c'est un bel aveu. Et en plus, il faut qu'elle ménage la chèvre et le chou,

les syndicats et sa majorité, et dans sa majorité plurielle,  les différents parti-pris. Elle fait

comme l'épicier lorsque retentit la sonnette de son magasin : elle sort de sa réserve : elle

va nous concocter un nouveau texte, plein de subtils arbitrages.

 

Un texte qui risque d'être aussi dur à déchiffrer que le verbe surseoir au passé composé.

T'as qu'à t'y essayer, toi.

 

 

Suite au prochain épisode...

 

 

 

 


 

 

 



04/04/2008
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