Noël et solstice d'hiver
Méditation pour cette longue nuit du solstice d'hiver ce mercredi 21 décembre...
Christiane Singer [in Derniers Fragments d'un long voyage] nous livre un récit raconté par sa grand-mère. Dans la forêt des Carpates, par une nuit glaciale, une vieille femme recueille un vieil homme hagard d'épuisement. Elle prend soin de lui avec force sollicitude. Progressivement, le visage du vieil homme s'apaise, s'adoucit... c'est alors le visage d'un homme mûr qui apparaît, puis celui d'un homme dans la force de l'âge, puis celui d'un homme jeune. Ensuite le visage d'un adolescent et bientôt d'un enfant, d'un tout jeune enfant. Aux premiers rayons de l'aurore, il ouvre des yeux de nouveau-né noyé d'infini. Le cycle est accompli.
Je reprends les lignes qui suivent telles quelles tant ce texte est lumineux :
« Ce récit porte en lui la quintessence du mystère de Noël. Cette nuit d'hiver glaciale, n'est-ce pas celle dans laquelle nous nous sommes tous fourvoyés, notre nuit à tous, le plus souvent cachée à la vue des autres ?
La vie nous a usés. La plus cruelle vieillesse n'est pas organique : elle est celle des coeurs. Nous sommes devenus de vieux morts-vivants, amers. L'éclat est perdu ; nos espérances sont écornées ; nous nous sommes accommodés de désespérer du monde. Trahison des trahisons.
Comment dans cette nuit du solstice d'hiver la plus interminable de l'année, la nuit des tueurs d'Hérode et des longs couteaux tirés, le retournement serait-il possible, simplement pensable, comment ?
C'est là l'entier mystère : la coïncidence de l'abîme et de la cime. C'est dans cette nuit-là et dans aucune autre que le miracle va advenir. Et il advient ! Dans la nuit des femmes, la nuit de la patience infinie... "oui, oui,...", la nuit des gésines, la nuit des entrailles !
Car le voilà le secret des mondes que révèle Noël !
Même si l'homme doit mourir, la vie lui est donnée pour naître et renaître...
C'est la naissance qui lui est promise et non la mort.
Il n'est que d'acquiescer pour que le miracle s'accomplisse !
Heureuse naissance, oui, joyeux Noël ! »
La fête chrétienne de Noël s'est greffée sur les fêtes païennes qui célébraient depuis des temps immémoriaux, en cette longue nuit du solstice d'hiver, le début du cycle nouveau de l'allongement des jours annonçant le retour de la lumière et de la vie. C'est le même mystère de la mort et de la renaissance que nous sommes invités à célébrer aujourd'hui.
La frénésie des achats, la course aux cadeaux, la surconsommation en tous genres nous détournent de l'essentiel de cette célébration : le mystère de la mort et de la vie, la victoire incroyable de la lumière sur la nuit et les ténèbres.
Puissent nos voeux en ce début de nouveau cycle annuel nous ramener à l'essentiel.
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