Birmanie : entre malheur et beauté (22 mai 2008)
Pour conjurer le malheur je veux convoquer la beauté.
Me remémorer la beauté dorée de la paya Shwedagon, tournant lentement autour d'elle dans le sens des aiguilles d'une montre, comme tous les pèlerins, emporté dans l'impalpable courant du temps, foulant légèrement les dalles noires chauffées au soleil, éprouvant la douceur des marbres, baigné dans cette unique lumière orangée qu'irradie l'immense stupa recouvert d'or, surmonté d'un turban, puis une frise de pétales de lotus, puis un bol renversé, une aiguille enfin en bourgeon de bananier, et une girouette incrustée de diamants. Et les yeux, qui se sont élevés vers ces hauteurs, redescendent en rencontrant de multiples clochetons hérissés d'épines d'or, de l'or encore, de l'or toujours, qui donne comme un écrin de lumière à la beauté des jeunes femmes si menues parées d'étoffes bleu pâle, jaune clair, vert tilleul, qui prient déposant leurs fleurs devant les multiples représentations du Bouddha scintillantes de tous leurs feux.
Me remémorer du Lac Inlé la beauté des eaux qui se mélangent avec le ciel, étendue immense et calme barrée au loin des traits noirs horizontaux et ces traits verticaux que forment les étranges silhouettes de pêcheurs pagayant debout dans leur barque la rame tenue par une jambe dans une improbable figure intemporelle.
Me remémorer cet espace mystérieux et secret de Bagan dans cette plaine bordée par l'Irrawaddy recélant ces milliers de payas, de grands édifices comme la célèbre paya Shwezigon, considérée comme le modèle de tous les stupas bâtis par la suite dans le pays, mais aussi de tout petits, des minuscules, comme oubliés perdus dans la végétation basse, qu'on vient visiter comme sur la pointe des pieds de peur de déranger.
Entre malheur et beauté.
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