Carnets de terre, photographies de Pierre Gaudu
C'est avec émotion que j'ai ouvert ces Carnets de terre, feuilleté les pages, et scruté ces photographies impeccables, qui participent du Beau comme tentait de le définir Baudelaire dans son journal intime [Fusées] : "J'ai trouvé la définition du Beau - de mon Beau. C'est quelque chose d'ardent et de triste, quelque chose d'un peu vague, laissant carrière à la conjecture " : comme pour un promeneur à l'affût de traces, l'empreinte de la biche évoque l'inconnu mystérieux de la vie animale qui irrigue le coeur de la forêt.
Les couleurs ne sont pas encore celles de l'automne et pourtant, en cet infime basculement de la mi-août, par quelques nuances à peine perceptibles, par quelques dégradés furtifs elles inclinent vers les couleurs de l'automne, comme ce chemin, chargé de toutes les passées de l'été, nous conduit par sa propre inclinaison vers des parties moins élevées, ainsi qu'il en est de l'automne de la vie.
Mais la lumière s'attarde encore. Ces gris fumés, ces ocres rôtis, la rouille délavée, le blanc cassé offrent une harmonie matérielle où triomphent les couleurs de la maturité. Ce monde-là a peu à voir avec les espèces de plein vent. La netteté, l'austérité des lignes, que seules rompent çà et là quelques touches d'une verdure plus jaune et plus claire, neuve et vernissée, dessinent l'image d'un dépouillement presque spiritualisé du paysage.
Chaque page de ces Carnets de terre nous entraîne dans une progression presque mystique. L'enrichissement des nuances saisissables du visage terrestre nous renvoie à nous-mêmes, à notre cheminement sur cette terre qui pour nous aussi est lieu de mystérieuses passées.
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