Cueille le jour (Carpe diem)
« Cueille le jour » : Quelle belle expression !
Ces mots, on les trouve, littéralement, chez le poète latin Horace, tirés des Odes : en latin Carpe diem. Eh oui, c’est le fameux Carpe diem, souvent traduit par « Profite du temps présent ». Ce n’est pas faux, mais on perd la belle image de la cueillette, qui donne tout son sens à l’expression.
« Cueillir » se trouve déjà chez Héraclite à propos du logos. Légein signifie surtout « parler, dire quelque chose ». Mais à une époque aussi tardive que 270 avant J.-C., le poète Moschus de Syracuse écrit Aglaïèn rhódou légein, càd « cueillir l’éclat d’une rose ». Le logos, dit Héraclite, vient de lui-même, il s’agit de « cueillir » son éclat.
On retrouve la même métaphore poétique chez Ronsard lorsqu’il invite à « cueillir » la jeunesse, dans ce poème parmi les plus célèbres, que pour le plaisir, je retranscris en entier :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Le Carpe diem est donc une invitation à « cueillir le jour ».
Cette invitation court tous les jours de la semaine, car, le saviez-vous, les sept jours de la semaine (du latin septimanus « relatif au nombre sept ») sont construits sur le nom dies, diei, qui signifie « jour » :
Le lundi est le « jour de la lune » (lunae dies), le mardi le « jour de Mars » (Martis dies), le mercredi le « jour de Mercure » (Mercurii dies), le jeudi le « jour de Jupiter » (Jovis dies), le vendredi le « jour de Vénus » (Veneris dies), le samedi le « jour du sabbat » (sabbati dies), le dimanche le « jour du Seigneur » (dies dominicus).
[Chez les Latins, le samedi était le « jour de Saturne », qu’on retrouve dans le Saturday anglais, et le dimanche le « jour du Soleil », qu’on retrouve dans le Sunday anglais et le Sontag allemand]
Après ces variations, il ne nous reste plus, ami lecteur, qu’à « cueillir le jour » d’aujourd’hui, et de tous les jours de la semaine !
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