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En avant route !

 

 

 

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A l’invitation d'un ami qui, pour inaugurer sa retraite toute récente a programmé un grand tour à vélo en France (mon ami parcourt 1800 kilomètres sur 3 semaines par le Sud et l’Ouest en partant de Grenoble), me voilà embarqué avec lui pour les premières étapes, du col de Lus-La-Croix-Haute à Arles en passant par Sisteron, Manosque, Entrecasteaux dans le parc du Verdon et Marseille. A Arles mon ami poursuivait vers Montpellier, Toulouse etc., et moi, de mon côté, je suis remonté à Grenoble par Orange, Montélimar, Valence et la vallée de l’Isère : 600 kilomètres seulement pour moi, en 7 jours.

L’idée me vient de consigner quelques unes de mes impressions à vélo - en les comparant à celles de la marche à pied, sur le chemin de Compostelle par exemple. Dans l’un et l’autre cas, c’est un effort dans la continuité, sur plusieurs jours consécutifs ; il faut tenir le rythme dans la durée. La fatigue s’installe, une fatigue de fond avec laquelle le corps doit composer, entrant au bout de 2 ou 3 jours dans une sorte d’état second qui nous fait curieusement accéder à d’autres registres que ceux habituellement utilisés.

Dans la marche, le corps devient (ou redevient plutôt - ce qu’il est fondamentalement) une éponge ; il s’imprègne de toutes sortes de sensations qui sont dans l’air, qui sont dans les paysages, les couleurs, les odeurs, des vibrations qu’on a l’impression de découvrir (redécouvrir). L’état second est un état d’extrême sensibilité intérieure. Je pense pour ma part que tout marcheur est un poète même s’il s’ignore comme tel.

Sur le vélo, il en va tout autrement (je parle de mes impressions personnelles). L’état second est un état de vigilance extrême. Moi, Monsieur, sur la route, je ne pense pas ;  je peste souvent contre le flux des voitures qui nous dépassent en nous frôlant, des camions dont le souffle nous déporte (sur de grands trajets on ne peut pas prendre que des petites routes) ; contre le bruit d’enfer ; contre les odeurs de fuel etc. Et je suis en alerte constante pour éviter devant moi le nid de poule fatal, le caillou ravageur… Je ne pense pas que le vélo - quand on est à la manoeuvre - soit le meilleur endroit pour un retour sur soi, sauf à prendre des risques.

Mais le vélo c’est tout de même aussi, quand les circonstances le permettent, que du bonheur ! Imaginez-vous le départ le matin à la fraîche (6 heures dernier carat) ; après la nuit de repos, la machine redémarre ; quelques minutes d’échauffement, le régime est établi ; la mécanique est bien huilée ; le vélo parfaitement réglé ; je ne fais qu’un avec ma monture ; l’air est frais ; la lumière se lève ; je me concentre sur l’effort à répartir ; j’aime bien le conseil de mon ami qui me revient à l’esprit : « pour durer ne pas appuyer sur les pédales » (ne pas appuyer trop) ; des paysages magnifiques traversés... Et puis toutes les 2 heures une pause s’impose : elles sont tout de même bien belles les petites places et les terrasses du Sud, à l’ombre des platanes et des habitués gouailleurs...

Voilà. Une belle expérience. Je remercie mon ami de me l’avoir proposée. Je suis content aussi d’avoir bouclé ma boucle (je n’ai rien d’un pro du vélo).

Pour le plaisir, j’intitule ce billet « En avant route ! » : c’est du Rimbaud.

 

 

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29/06/2014
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