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En passant par la Lorraine


J'écris "En passant par la Lorraine", de retour du pays lorrain, en pensant évidemment à la chanson. Mais, pour moi, il s'agit d'un peu plus que simplement "passer par"...  puisque j'y ai mes racines - côté paternel.

On se représente généralement un arbre par son tronc, sa ramure, ses fruits - sa partie visible, donc ; mais l'arbre est fait aussi de ses racines. Antoine de Saint-Exupéry parlait d'une "commune mesure"  : "Fruits et racines ont même commune mesure qui est l'arbre" (Citadelle).

Le Haut-plateau lorrain, où ma famille paternelle a ses racines, aux confins de la Belgique et du Luxembourg, n'est pas une terre facile. Le climat y est rude, le pays venté [faute d'être vanté], les paysages ne sont pas des plus riants. Les grandes étendues de terre sont couvertes de champs où sont cultivés blés et céréales qu'entrecoupent quelques pâtures, et de forêts dans les saignées de vallons au fond desquels les puits des anciennes mines de fer dressent encore leurs carcasses géantes, rouillées, inutiles, - témoins d'une activité passée qui a marqué les hommes du pays et les travailleurs immigrés, polonais surtout, venus apporter au début du siècle dernier leur concours : tous ont fait la mine et la mine les a faits.

Aujourd'hui, dans la vallée de la Fensch, à Florange, Hayange, Uckange, Knutange, Erzange, Morlange, Nilvange... - tous ces noms en "-ange"...- , les hauts fourneaux de l'industrie sidérurgique, plantés au coeur des cités ouvrières dont ils étaient la vie - une vie difficile mais la vie - fonctionnent au ralenti : le panache gris des fumées ajoute encore au gris des paysages mais la touche est presque légère, elle n'a plus la violence des feux d'antan quand les volutes des fumées l'emportaient sur la couleur des cieux.

Mais cette terre lorraine de nos racines, si proche de l'ancienne frontière allemande de 1870 - d'un côté Audun-le-Roman, de l'autre Audun-le-Tiche - [les combats du 22 août 1914 ont fait de nombreuses victimes civiles dans le village dont nous sommes originaires] - c'est aussi, à quelques dizaines de kilomètres, Verdun, qui reste à jamais marqué, jusque dans les paysages, par les combats de 1916.

Le souvenir en reste présent, mais pas seulement le souvenir. Un Son et Lumières "Des flammes... à la lumière" propose une évocation historique de la bataille de Verdun. L'évocation est réussie, avec de grands tableaux qui réunissent jusqu'à 300 acteurs, sur les lieux de combats, mais plus intéressant encore est l'esprit dans lequel le spectacle a été monté. Car les acteurs - tous bénévoles - sont français et allemands mêlés, et le message que porte le spectacle est tout entier tourné vers un seul thème : l'espérance, -  l'espérance à la condition de conserver vive dans nos propres vies la vigilance pour éviter que pareille catastrophe se reproduise jamais.

Ainsi en est-il de la terre lorraine : semblable à un visage usé, meurtri, buriné - mais où brille l'éclat d'un regard juvénile porteur de belle espérance.




18/07/2009
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