La surprise du prix Nobel de la Paix
Les commentaires sont allés bon train depuis l'annonce surprise de l'attribution du prix Nobel de la Paix à Barack Obama.
Beaucoup soulignent ce que cette attribution a de "prématuré" - "Il est trop tôt pour juger de son action" - voire de précipité : "Qui, Obama ? Si vite ? Trop vite" [Lech Walesa]. Les résultats ne sont pas encore là. Ce prix risque même d'être encombrant pour la poursuite de son mandat.
D'autres veulent y voir un "espoir", "un choix audacieux qui salue une promesse de changement" [Jacques Delors], un encouragement pour le président américain qui, précisément, dit accepter le prix dans cet esprit : "Je sais qu'au cours de l'histoire le prix Nobel de la paix n'a pas seulement été utilisé pour honorer des succès spécifiques : il l'a aussi été comme moyen de donner de l'élan à un ensemble de causes. C'est pourquoi j'accepterai cette récompense comme un appel à l'action, un appel lancé à tous les pays pour qu'ils se dressent face aux défis communs du XXIème siècle".
Le prix, malgré tout, serait-il venu trop tôt ? Critiqué, le président du comité Nobel a déclaré : "Il [Obama] aurait pu l'avoir aussi trop tard". Et il a ajouté, sybillin, : "Nous attrapons l'air du temps, la nécessité de l'époque".
Au fond, c'est peut-être cela qui interroge. Jadis, la sagesse populaire disait qu'un arbre était jugé à ses fruits. Mais cela demande de la maturité, c'est du temps long. C'est du réel aussi. Les critères aujourd'hui seraient-ils de l'ordre de la virtualité ? On récompense non pas l'acte mais la capacité à passer à l'acte.
Ce qui nous rapprocherait de la pensée orientale : l'efficacité est attendue du potentiel de la situation. Ce ne serait pas un des moindres paradoxes de cette attribution surprise.
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