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Le monstre

 

 

Le visage de Poutine, lisse, impavide, ne montrant aucune émotion, inspire la peur. C’est celui d’un monstre que rien n’arrête. Peu importe les atrocités qu’il fait subir à des millions de gens, les souffrances qu’il inflige, les morts par milliers, ne compte que son objectif d'« opération spéciale » qu’il poursuit dans son délire envers et contre tout.
 
Comment a-t-on pu en arriver là ? Le monde a connu bien des dictateurs, la Russie a eu ses tsars, Staline a régné en maître absolu, mais ce qui change aujourd’hui, c’est que le monstre est visible, présent en images à travers tous les médias et les réseaux sociaux. Dans les contes anciens, le monstre se cache dans la caverne. On l’imagine, on ne le connaît pas. Ici le monstre impose son image, lisse, impavide, ne montrant aucune émotion. Et ce qui change aujourd’hui, c’est que le monstre dispose de moyens de destruction à distance, comme jamais.
 
La peur nous étreint de subir tous le sort épouvantable de l’Ukraine. Une erreur, un missile qui s’abat en Pologne, ou une provocation, l’usage de l’arme nucléaire dont le monstre peut bien décider, isolé qu’il est dans son délire, et le monde s’embrase. La peur nous étreint d’être à sa merci. Nous sommes sur une poudrière.
 
La peur nous étreint aussi des conséquences sur l’avenir, quand bien même le conflit armé finirait par trouver une issue. Conséquences géopolitiques, nouveaux équilibres, sécurité des approvisionnements etc. et, déjà pointé du doigt, la menace de famines si le grenier à blé ukrainien venait à disparaître. Mais toute crise apporte l’opportunité de décider d‘agir autrement : un vaste champ de réflexion s’ouvre pour repenser nos modes de vie, réduire notre consommation de viande et donc le besoin de céréales, réduire nos transports etc. — tous objectifs nécessaires pour le climat.
 
Bien sûr le monstre n’a cure de tout cela. Il nous regarde de son visage impavide, seul, au bout de son immense table, perdu dans son imaginaire, comme s’il pouvait tenir au loin la réalité. Mais la réalité revient toujours : « réel » signifie « ce qui résiste ». Un jour le réel l’emportera.
 
 
 
 
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Marioupol avant et après

 

Un millier de personnes dont des femmes, des enfants et des personnes âgées se seraient réfugiées dans l'abri anti-aérien sous le théâtre. 300 seraient mortes sous le bombardement

 

 

 

Résistance n’est qu’espérance

René Char, Feuillets d'Hypnos



 

 



26/03/2022
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