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Nourrir ou pourrir sa vie ?

 

 

 
Le déconfinement n’ouvre pas que des perspectives mirobolantes. La liberté est retrouvée, mais sous contraintes. La vie sociale reprend, mais sans contacts rapprochés. La convivialité est corsetée. Les gestes barrières sont utiles et appelés sans doute à durer, mais comment ne pas juger ubuesques certaines mesures de distanciation excessives, inutiles voire préjudiciables, imposées dans les écoles etc. Et voilà qu’apparaissent, avec les premières reprises, bien des signes qui font douter que le monde d’après soit radicalement différent du monde d’aujourd’hui. Sauf à penser que la conscientisation née de la crise fournisse une nouvelle donne qui modifiera le jeu.
 
La pensée de tous ceux qui souffrent aujourd’hui, nous habite ; ceux qui, isolés, sont encore plus enfermés dans leur solitude ; ceux qui ne savent rien de l’avenir et craignent pour eux et leurs enfants ; les jeunes qui démarrent dans la vie et sont arrêtés net dans leurs projets ; les enfants qui comprennent quoi de ce qui arrive  ? (J’ai été frappé de voir le chef de l’État, en visite dans une école, le visage masqué de noir ! Il a dû baisser un instant son masque et annoncer : c’est bien moi les enfants !…) Tout cela inquiète et assombrit le mental. Ajoutez là-dessus le flot ininterrompu des actualités radio et télé « spécial Covid-19 » qui ne cessent de nous asséner jour après jour des chiffres de morts et font tout pour saper le moral en alignant les unes après les autres les plus mauvaises nouvelles ; ajoutez encore l’absence de perspectives : les vaccins, c’est pas pour demain, le Covid-19, il est là pour durer etc — on comprend que la réalité ne nous apparaît pas sous un jour très riant. Sauf à penser avec Eluard : « Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis ».
 
La phrase d'Eluard s’applique en premier lieu aux médias, qui se repaissent de catastrophisme et nous le reversent ensuite en veux-tu en voilà : ça fait de l’audience. L’image qu’ils donnent des actualités en dit sans doute plus sur eux-mêmes, sur ce qu’ils sont, ce qu’ils cherchent pour vendre, que sur ce qui est. Mais elle s’applique aussi, cette phrase, à nous-mêmes, qui ne prenons guère de distances vis-à-vis des mêmes médias.
 
L’enjeu, comme dit mon épouse, c’est de nourrir sa vie, pas de la pourrir. De ce point de vue, j’apprécie beaucoup cette histoire amérindienne, qui donne à penser à propos :
 
 
Un vieil indien explique à son petit-fils 
que chacun de nous a en lui deux loups 
qui se livrent bataille.
Le premier loup représente la sérénité,
l’amour et la gentillesse.
Le second loup représente la peur,
l’avidité et la haine.
 
« Lequel des deux loups gagne ? »
demande l’enfant.
« Celui que l’on nourrit » 
répond le grand-père. 
 
 
 
 


17/05/2020
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