Nouveaux modes de consommation
Plusieurs sondages et des enquêtes signalent une désaffection des "consommateurs" pour les super ou hypermarchés. A la place seraient recherchés les discounts ou les commerces de proximité, et on note une forte attraction pour les produits "bio".
Signes des temps, ou simple adaptation aux circonstances ?
Il est certain que les polémiques récentes sur les marges de la grande distribution ne jouent pas en faveur des supers ou des hypers. Le public a pris partie pour les producteurs, sans trop savoir de quoi il retourne, excédé en tout cas devant le refus de transparence des distributeurs. Dans le même élan on prend ses distances vis-à-vis de la grande distribution.
Les clients n'apprécient pas non plus l'absence de relations humaines dans les grandes surfaces, qui soumettent les caissières à la pression toujours plus vive du rendement immédiat, quand celles-ci ne sont pas carrément remplacées par des machines automatiques, comme cela commence à se faire. J'ai entendu dans les queues des gens se plaindre de ces évolutions.
Ajoutez une reconsidération de l'usage de la voiture. Il ne paraît plus évident de devoir prendre sa voiture pour quelques courses, en tout cas pas pour celles de tous les jours.
On en vient donc à se réinterroger : les producteurs locaux, le petit commerce ne méritent-t-ils pas d'être soutenus - plutôt que de favoriser les grandes surfaces anonymes ?
Cette évolution des comportements est assez forte pour inquiéter les grands distributeurs qui inventent à la va-vite quelques parades. Carrefour, pour prendre cet exemple, baptise ses magasins de centre ville [une chaîne récemment rachetée] Carrefour market et lance des produits Carrefour discount : et alors ? Si rien ne change par ailleurs, ce n'est pas ouvrir une voie nouvelle mais courir après le consommateur. Gageons que le résultat ne sera pas à la hauteur des attentes des directions.
Reste que la question se pose côté consommateur : réelle conversion à de nouvelles pratiques ?
Tout est question de processus. Mais il y a deux sens au mot "processus".
Dans le premier sens, un processus est une suite continue de faits, de phénomènes présentant une certaine unité ou une certaine régularité dans leur déroulement. Dans ce sens, Renan écrit par exemple : "L'histoire est [...] un processus, qu'il faut expliquer, comme un tout vivant".
Dans le second sens, un processus est un ensemble d'opérations successives, organisées en vue d'un résultat déterminé. On parlera par exemple d'un processus de création.
Le Monde daté du 23 juin titre : "Crise : vers de nouveaux modes de consommation". Bien. Mais il faudrait analyser plus avant : de quel type de processus relèvent ces nouveaux modes repérés ?
Si c'est un processus de type[1], on observera de fait, le temps que dure la crise, une suite continue de phénomènes présentant une certaine unité, que les sociologues baptiseront "nouveaux comportements". Mais ces nouveaux comportements ne seront pas inscrits dans la durée.
S'il s'agit de processus de type [2], il y a là en germe des changements durables, parce qu'il s'agit d'opérations organisées en vue d'un résultat déterminé.
La "rugueuse réalité", pour parler comme Rimbaud, n'est pas simple. Il y aurait à travailler dans le sens d'une volonté politique [citoyenne] de saisir l'opportunité de ce qui arrive pour inventer des modes d'être et d'avoir plus responsables, à l'égard de l'environnement et de l'économie de la Terre patrie.
"Responsable" signifie : "Qui a à répondre de ses actes".
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