En hommage au poète Philippe Jaccottet
Alors que mon dernier billet, du 20 février, Entre la nuit et le jour, était consacré à ma découverte récente, qui est aussi une reconnaissance, de l'univers poétique de Philippe Jaccottet, je viens d'apprendre que le poète, récompensé par le Goncourt de la poésie en 2003 et entré dans « La Pléiade » en 2014, est décédé, le 24 février, à Grignan, à l’âge de 95 ans.
J'ai appris cette nouvelle avec une certaine émotion, car il s'agissait bien pour moi d'une rencontre ; mais cette rencontre se poursuivra, à travers ses oeuvres poétiques, vers et proses, dont le simple fait d'égrener les titres des recueils est déjà une invitation à la rêverie.
Ainsi de textes en prose comme La Promenade sous les arbres (1957), Paysages avec figures absentes (1970), ou Ce peu de bruits (2008) ; ou de poèmes comme L'Effraie (1953), L'Ignorant (1957), La Semaison (1963), Airs (1967), À la lumière d'hiver (1977), Pensées sous les nuages (1983) ou Et, néanmoins (2001)...
Une lampe s'est éteinte. Mais le chant ne se tait pas.
Qui chante là quand toute voix se tait ? Qui chante
avec cette voix sourde et pure un si beau chant ? [...]
Ne soyons pas impatients de le savoir
puisque le jour n'est pas autrement précédé
par l'invisible oiseau. Mais faisons seulement
silence. Une voix monte, et comme un vent de mars
aux bois vieillis porte leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand notre lampe s'est éteinte ?
Nul ne le sait. Mais seul peut entendre le coeur
qui ne cherche la possession ni la victoire.
(L'Ignorant)
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