voilacestdit

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Climax

 

Climax

Du grec klĩmax, escalier, échelle, gradation
Quasi synonyme d'apogée
Sciences :  point ultime ou culminant dans une succession ou progression à travers le temps
Écologie : état final d`une succession écologique
Rhétorique : point culminant d’une énumération progressive, d’une gradation ascendante
 
 
 
Nous venons de vivre des semaines intenses, un véritable climax : l’alarme sonne à la fois dans toutes les pièces de la maison : chaleurs torrides, incendies de forêts, sécheresse des sols, fonte des glaciers — la maison brûle et impossible de regarder ailleurs, nous sommes pris au piège. La peur nous prend d'aller vers un effondrement généralisé, le dérèglement climatique n'étant qu'un signe avant-coureur.
 
Je lis dans la presse ou sur les réseaux sociaux que les Français, confrontés à tous ces événements,     «prennent pleinement conscience du péril climatique. »
 
« Le réveil, lit-on, est brutal au sortir des deux années Covid qui ont sérieusement éprouvé les organismes et le moral des Français. Nous pensions souffler un peu durant cet été, passer enfin à autre chose. C’était sans compter, dans un premier temps, sur la guerre déclenchée en Ukraine par Poutine, génératrice de peur et de destructions. […]
 
« Il y a eu ensuite cette vague de chaleur record qui s’est abattue sur le pays. Soudain, les forêts se sont mises à flamber, en Gironde et ailleurs. La sécheresse a vidé nos rivières. Et les épisodes caniculaires n’en finissent plus de rebondir, installant une idée dans tous les esprits, comme une évidence qui s’impose à nous : le dérèglement climatique, c’est maintenant. Questions et craintes s’expriment sur les réseaux sociaux. Les citoyens sont gagnés par le sentiment croissant d’aller vers une catastrophe.
 
« Nous sommes face à un phénomène inédit de "crise sans fin". Mais comme les crises s’enchaînent, c'est un sentiment de confusion et de crainte qui prend le dessus. La prise de conscience du péril climatique, qui s’est invitée brutalement cet été, est donc bien réelle. »
 
Voire !
 
Qu’est-ce qu’une réelle prise de conscience ? La prise de conscience est le processus élémentaire de l’expansion de la conscience. La réalité est perçue différemment. Cette modification de la perception engendre une modification de la représentation du monde, mais entraîne-t-elle pour autant une modification des comportements ? 
 
Comme on le sait, la conscience sait jouer avec ce qui la sert sans la gêner. Si quelque chose l’ennuie, elle le chasse, ou le tient en retrait. Toutes les stratégies sont bonnes pour mettre de côté ce qui dérange, la conscience qu’on en a est diminuée, voire refoulée, la véritable prise en considération écartée. Ainsi de certains comportements, dans lesquels on risque de se complaire, qui relèvent plus de l’échappatoire que d’une réelle prise en considération, si on s’y tient, comme une personne ayant subi un préjudice ou une injustice se tient à son statut de victime.
 
De plus en plus de personnes partagent un sentiment de préoccupation, d’inquiétude, d’anxiété ou d’angoisse lié au dérèglement climatique ou aux menaces qui pèsent sur l’environnement — on a donné à ce ressenti le nom d’"éco-anxiété". C'est un mal-être, mais le risque est grand de pathologiser ces réponses à la crise, en faire des maladies, ce qui induit que ces réponses sont inadaptées ou inutiles  par rapport à la menace posée. Or ce mal-être, c’est une responsabilisation nécessaire qui est expérimentée. Cette responsabilisation peut conduire, à condition de dépasser le stade du mal-être, à un engagement en termes de pensée et d’action.
 
Prendre conscience, c’est comprendre quelque-chose de nouveau sur soi-même, sur les autres, ou sur le monde. L’éco-anxiété indique que nous avons un lien puissant avec la nature — nous sommes partie de la nature. Mais ce lien existentiel s’est distendu. La réponse à la crise n’est pas dans la plainte, ni dans des engagements superficiels dictés par l'urgence, mais dans une véritable prise de conscience, c'est-dire une véritable prise en considération de notre lien à la nature : retrouver ou reconstruire ce lien.
 
Alors les mesures d’économie — prenons l'exemple de l’eau — ne relèveront pas de la simple application de consignes, aussi utiles que soient ces consignes, mais de la perception que l’eau est un bien naturel limité, à partager dans le monde, un bien précieux qu’offre la nature, dispensé pour les sols, les plantes, les animaux, nous-mêmes : c’est cette perception du souci de la nature qui nous rendra « économe », au sens ancien du terme (du grec oikonomía, « administration de la maison ») : qui administre sagement, en limitant la dépense ; qui dépense avec circonspection et, de ce fait, réalise des économies — et respecte la nature.
 
La réelle prise de conscience du péril climatique conduira à s'engager pour ne plus s’angoisser.
 
L'inquiétude est là. Mais, comme nous y invite René Char, soyons actifs : « Toujours restons les obligés de l’inquiétude. » (Dehors la nuit est gouvernée)
 
 
 
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15/08/2022
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