De l'écologie. Auprès de mon arbre
Le sujet de l’écologie, au-delà de la peur ou des angoisses que suscitent les catastrophes annoncées, préoccupe.
Qui pense ‘écologie’ pense ‘environnement’ : ce qui nous entoure. Pas à tort. Au sens courant, l’écologie est une « doctrine visant à un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel ainsi qu’à la protection de ce dernier ».
Cependant, pour ma part, je préfère m’en tenir à l'étymologie du mot. Du grec oikos (la maison) et logos (la science, l’étude, le discours), littéralement le sujet de l’écologie c’est la ‘maison’, que nous partageons avec tous les êtres vivants. Une maison, ce n’est pas seulement un environnement, ce qui nous entoure ; ce n’est pas extérieur à nous, pas uniquement des murs ; une maison, ça s’habite.
Des relations sont créées, des liens se tissent, qui forment une maison. Nous appartenons, en un certain sens, à la maison. La maison, c’est la famille. Je retrouve ici le sens du mot japonais ie — je l’avais noté dans un billet ancien sur le Shintō (cf Aux sources de la tradition spirituelle du Japon — Le Shintō 神道 ) en reprenant cette citation extraite de La maison Yamazaki :
« … Quand je dis maison, je veux dire famille. Mais nous, les Japonais, nous préférons le mot maison.
Pour nous, une maison, ce n’est pas une construction que l’homme, comme par hasard, habiterait. C’est aussi une façon d’habiter, un mode de vie auquel se conforment ensemble, génération après génération, les êtres humains. Une maison, ce sont des hommes et des femmes, jeunes ou vieux, qui dorment et mangent sous un même toit. Ils consacrent leur travail à faire fructifier le patrimoine que leur ont transmis ces ancêtres.
C’est pour cela qu’en japonais un seul mot, ie, désigne la maison comme construction et comme famille. Ie signifie notre rattachement par le sang à une lignée. L'ie vit en chacun de nous, c’est la chaîne de nos existences qui lui donne sa force, tandis qu’il cristallise le sens de notre passage en ce monde. »
[Note (voir commentaire de Alex) : En chinois aussi, le caractère 家 (jia) signifie à la fois "maison" et "famille".]
Ainsi de notre maison commune que nous partageons avec tous les vivants. Nous appartenons à la même famille. Dès lors l'ie n’est pas extérieure à nous, « l'ie vit en chacun de nous ».
J’aime à observer comment fonctionnent d’autres vivants, comment ils habitent la maison. Sans aller bien loin. Un arbre par exemple. Rien de plus familier qu’un arbre. Les arbres, ils sont vivants, ils sont beaux, ils sont discrets, ils épurent l’atmosphère, ils nous donnent des aliments, de la matière première, et ils ne sont pas violents.
Si on voulait regarder de plus près, on découvrirait le riche réseau des échanges qu'ils entretiennent entre ciel (la photosynthèse) et terre (les racines, en interaction avec différentes espèces de champignons agrégés aux racines) —en sorte que les spécialistes parlent de 'symbiose'. L'arbre dépend du champignon, qui dépend de l'arbre. Chacun apporte ce qu'il possède : l'arbre, sa capacité à synthétiser des molécules carbonées par photosynthèse, et le champignon, la capacité de ses hyphes à exploiter largement le sol, au-delà de ce que pourraient faire les seules racines. Ces exemples de coopération sont légions et donnent naturellement à penser.
Le sujet de l'écologie, c'est aussi cela : développer un état d'esprit d'ouverture au monde naturel, de connaturalité avec l'ensemble des vivants dont nous partageons la même 'maison'. Le sujet de l'écologie, c'est aussi se mettre au diapason de la Vie qui afflue en tous les vivants.
J'aime ce geste spontané de mon petit-fils Théophile, 4 ans à l'époque, entourant de ses bras un arbre dans le jardin du Luxembourg...
1er novembre
en ce jour de la fête de la Vie
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