Des nouvelles
Je me dois de donner quelques nouvelles sur l’état de ma santé puisque la publication de mon dernier billet a alerté bien de mes amis qui m’ont adressé des messages amicaux de soutien qui m’ont beaucoup ému.
Suite à des complications liées à une blessure à la jambe et à une chute sur l'épaule, j’ai été hospitalisé d’urgence début octobre.
A été diagnostiquée une infection bactérienne dans le sang qui a provoqué des plaies importantes dans le pied, entre autres symptômes.
Ensuite, se sont ajoutées au tableau une phlébite et une embolie pulmonaire.
Les plaies du pied présentant des aspects inquiétants et résistant aux antibiotiques ont nécessité une intervention chirurgicale.
Depuis quelques jours la situation semble heureusement stabilisée et en bonne voie d’amélioration.
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La lecture de La Guerre et la Paix en dépit de son imposante dimension (2 tomes de 900 pages chacun) se prête à ma situation d'hospitalisation. Certes on est constamment interrompu dans sa lecture par le passage de brigades de soins, mais La Guerre et la Paix a été publié sous forme de feuilleton. Le texte est adapté. Les chapitres sont courts et l’intérêt toujours soutenu. Certes aussi les deux univers (celui des salons aristocratiques de la grande société russe ou des guerres napoléoniennes, d’un côté, l’activité hospitalière de l’autre) n’ont guère de choses en commun, mais je passe sans difficulté de l’un à l’autre.
Je lis donc La Guerre et la Paix, et voilà que je suis frappé de cette idée que développe Tolstoï tout au long de son ouvrage, savoir que nul n’est maître des événements quand bien même il croit les piloter. « La Providence contraignait tous ces hommes [de l’Europe, sous la conduite de Napoléon], tout en poursuivant des fins personnelles, à un résultat unique et grandiose dont aucun homme (ni Napoléon, ni Alexandre, ni encore moins l’un quelconque des combattants) n’avait la moindre idée ». Ou encore :
« Les actes de Napoléon et d’Alexandre, d’un mot de qui dépendait, semble-t-il, que l’événement se produisit ou ne se produisit pas, étaient tout aussi peu libres que ceux de chacun des soldats qui faisaient campagne par tirage au sort ou par recrutement. Il ne pouvait en être autrement car, pour que la volonté de Napoléon et d’Alexandre (maîtres apparents de l’événement) fût accomplie, il fallait la concordance d’innombrables circonstances ; une seule d’entre elles aurait manqué et l’événement n’aurait pu avoir lieu ».
Je sens mon corps en l'état comme une sorte de théâtre d’opérations sur lequel s’affronteraient des forces en presence, des mouvements antinomiques, des intérêts particuliers, nul n'est réellement maître des événement. Ce corps du coup je l'éprouve comme étranger (sauf lorsque la douleur s'invite c'est je qui reçois).
Je rêve de me réapproprier mon corps (ce sera la guérison), en prendre soin, moi, sans délégation.
J'aspire à le retrouver comme un cavalier retrouve sa monture et rêve à la complicité de nouvelles cavalcades belles et simples.
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