Iel mon mari !
Personnellement je ne fais pas mon miel de l’écriture inclusive. Mais voilà, dernier avatar, que les nouveaux éditeurs du Robert ont cru bon d'« officialiser » dans la version en ligne l’emploi du prénom neutre « iel » censé dépasser l’alternative masculin/féminin « il »/« elle », et introniser de ce fait l’écriture inclusive.
Alain Rey, qui nous a quittés en octobre 2020, l’ancien directeur du Robert, devenu l’un des principaux auteurs des fameux dictionnaires Le Robert, Le Petit Robert, Le Grand Robert de la langue française, n’aurait sans doute pas été disposé à avaler de telles couleuvres, au sens métaphorique que rappelle Le Robert d’avaler (subir, un affront par exemple), rapprochant couleuvre de couleur, « fausse raison ».
Nos nouveaux éditeurs ne lui auraient pas fait avaler ça ! au sens défini dans cet ancien dictionnaire du XVIIᵉ siècle : « On dit qu’un homme a bien avalé des couleuvres, lors qu’on a dit ou fait devant luy plusieurs choses fascheuses qu’il se peut appliquer, ayant été cependant obligé de cacher le desplaisir qu’il en avoit. » (Dictionnaire de Furetière)...
Alain Rey qui s’exprimait ainsi, en 2017, dans une interview :
« L'écriture inclusive est une réponse très partielle, qui est de nature à troubler les enfants alors même que ceux-ci ont du mal à maîtriser l'orthographe traditionnelle. (…) Ce n'est pas en ajoutant des points et des terminaisons féminines à tous les masculins que l'on va arranger les choses.
« On a complètement confondu, me semble-t-il, les "signes" et les "choses". Le masculin et le féminin dans la grammaire française ne sont pas liés à l'espèce humaine. Ils sont complètement arbitraires concernant les choses. On dit ainsi un fauteuil, une chaise, etc. Idem concernant les noms d'animaux. On dit une girafe et pourtant on pense au mâle. Comme on croit que le crapaud est le mari de la grenouille. Or, ce sont deux espèces différentes.
« L'écriture inclusive est une surréaction, certes compréhensive idéologiquement et moralement, mais à côté de la plaque. Elle est inutile, ne serait-ce que parce qu'elle ne peut pas se représenter à l'oral. Un texte en écriture inclusive ne peut pas se parler. C'est donc une complication ridicule et inutile sur un système qui est déjà, pour des raisons historiques, terriblement compliqué. Cette écriture méconnaît la réalité des choses.
« On n'agit pas sur les idées en agissant sur la langue. »
Puisque ce billet est un billet d’humus, au sens aussi d’humeur, je dédie aux nouveaux éditeurs Robert ce petit poème d’allure un peu érotique, quand bien même ils tiqueraient :
Je t’enlace
Tu m’enlaces
On s’en lasse
pas !
Auprès de
Au pré de
Allongés
eh !
Corps à corps
Coeur à coeur
À cor et à
cri !
Il ?
Elle ?
Iel !
A découvrir aussi
Retour aux articles de la catégorie Billets d'humus -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 104 autres membres