L'efficace des discours d'Obama
C'est aujourd'hui le D Day - le jour d'Obama - qui se lève sur l'Amérique suscitant un engouement sans précédent : "Quand je le vois à la télévision j'embrasse mon écran" dit une américaine. Obama suscite une ferveur quasi religieuse. Certains croient en son arrivée comme en l'arrivée du Messie. Même en France, apprend-on, "70% des Français croient en lui" : pourtant Obama sera le patron de la [encore] première puissance mondiale, pas de la terre, et il est mandaté pour s'occuper d'abord des intérêts américains, qui ne coïncident pas nécessairement avec les nôtres.
Mais c'est un fait qu'Obama fascine, au-delà du rêve américain : il fascine tous ceux - et ils sont nombreux - qui d'où qu'ils viennent voient leur image dans Obama ni noir ni blanc. C'est aussi à tous ceux-là que le charismatique Obama s'adresse à travers l'exceptionnelle qualité de son logos.
Car Obama a du logos. Le logos, c'est la parole et la raison, l'expression par un discours cohérent du sens de ce qui apparaît dans la vraie réalité.
Pourquoi les discours d'Obama suscitent-ils tant d'engouement au-delà de leur pure éloquence ? D'où vient leur efficace ?
Prenez les grands discours, déjà célèbres, prononcés au cours de la campagne ou ces derniers jours à la veille de l'investiture. Ils sont bâtis sur un rythme ternaire dont l'efficacité est imparable : Obama parle [1] d'abord de Vous l'auditoire [2] ensuite de lui en apportant de l'information [3] enfin de Nous en appelant à la participation, à l'action.
Exemple du discours prononcé dimanche à Washington devant une foule immense réunie au pied du Lincoln Memorial :
[Phase 1] : Vous - Au cours de notre histoire, seule une poignée de générations a été confrontée à des défis aussi graves que ceux auxquels nous avons à faire face aujourd'hui
[Phase 2] : Je - En dépit de l'énormité de la tâche qui nous attend, je me présente aujourd'hui, intact dans ma conviction que les Etats-Unis d'Amérique vont vivre, que le rêve de nos Pères fondateurs va continuer à vivre aujourd'hui
[Phase 3] : Nous - Ce qui me donne espoir par-dessus tout, ce ne sont pas les pierres et le marbre qui nous entourent, mais ce qui remplit les interstices. C'est vous, les Américains de toutes les races, venus de partout, de toutes conditions, vous qui êtes venus ici parce que vous croyez en ce que ce pays peut être et parce que vous voulez aider à y parvenir [...] Il ne fait aucun doute que notre route sera longue. La pente sera raide. Mais n'oubliez jamais que l'esprit de notre Nation ne se révèle pas dans le confort et la facilité mais par le bien que nous faisons quand les temps sont durs [...] Je vous demande encore une fois de m'aider à révéler cet esprit et ensemble nous pouvons continuer à avancer, une nation, un peuple, l'héritage de ces ancêtres que nous célébrons aujourd'hui.
Un même logos animait le général Bonaparte lorsqu'il s'adressait aux soldats d'Italie. On retrouve le même rythme ternaire [1] Vous (en quoi sont-ils concernés ?) [2] Je (apport d'information) [3] Nous (phase persuasive qui emporte l'adhésion) :
Soldats, vous êtes nus, mal nourris. Vous avez froid. Le gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner. La constance et l'héroïsme dont vous faîtes preuve dans ces montagnes arides suscitent l'admiration de la France, mais elles ne vous apportent ni honneur ni gloire. Vous manquez de chemises, de souliers, nos magasins sont vides... ceux de l'ennemi pleins.
Je vais vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde : de riches provinces, de grandes villes seront en notre pouvoir; vous y trouverez honneur, gloire et richesse.
Soldats d'Italie, manquerez-vous de courage ou de constance ?
L'immense public de l'Obamania manquera-t-il de courage ou de constance ?
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