De la volonté de puissance
Le nouveau président des États-Unis se présente comme un défenseur inconditionnel de la «force» – force économique, force masculine, force militaire. Il va même jusqu’à vouloir, dans les relations internationales, instaurer «la paix par la force». Il n’a à la bouche que des mots qui expriment à tout-va sa volonté «folle» de puissance. Il assume : ne va-t-il pas jusqu’à affirmer que le président Xi Jinping le respecte «parce qu’il sait que je suis complètement fou (“fucking crazy”)»…
Dans les déclarations qui suivent, s’exprime le rêve d’une «oligarchie qui dominera les hommes» :
«Nous avons besoin d’une doctrine assez forte pour exercer une action sélective : fortifiant les forts, brisant les faibles. [...] Ma doctrine apporte la grande pensée victorieuse qui finira par faire sombrer toute autre méthode. [...] Les races qui ne la supporteront pas sont condamnées; celles qui la ressentiront comme le plus grand des bienfaits sont appelées à dominer. [...] Cela signifie vivre dans un monde dépouillé de morale. Il faut être libre à l’égard de la morale et exalter le plus possible la conscience-de-force.»
À dire vrai, ces déclarations ne sont pas de Trump, comme ma présentation peut le donner à penser, et de fait on pourrait s’y tromper!… Non. Elles sont de Nietzsche. Extraites d’une masse de notes qui, rassemblées, constituent un livre intitulé La volonté de puissance.
Dans ses paroles et ses actes, le président s’assimile aux hommes supérieurs, qui ont vocation à dominer les autres, sans part de raison.
Oui, mais chez Nietzsche, les hommes supérieurs, ce n’est qu’une étape du nihilisme, ils sont proches du bouffon; ils sont «ratés», «manqués», ils ne savent ni rire ni jouer, ni danser.
Ce sont, dit encore Nietzsche, des «porteurs» — entendez par là : des porteurs de valeurs de la société [aujourd’hui : le capitalisme, le libéralisme, le libertarisme....].
On n’a pas de création (ils ne savent pas «danser»), on n’a qu’un fantôme de création, car rien n’est plus opposé au créateur que le porteur.
Les hommes prétendument supérieurs font peur, à juste raison, car ils disposent de la force, ils font de gros dégâts; ils brisent des vies, la vie, mais ne la rompent pas; ils ne sont pas dans la création.
Créer, c’est inventer de nouvelles possibilités de vie. Le créateur est danseur. Il aime, cultive et invente la vie.
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