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Leur djihad, notre vide

 

 

De mon épouse Chantal ce billet d'actualité : 

 

"Leur djihad, notre vide", voilà un titre choc - celui d’un article récent du journal suisse  Le Temps  - qui a de quoi nous interpeller. 
Des jeunes - originaires des Etats-Unis et de l'Europe - rejoignent les combattants du djihad  pour épouser et vivre leur cause en Syrie. Selon le rapport du Soufan Group, ils seraient 3 000 jeunes Occidentaux à avoir rejoint les combattants de l'Etat Islamique. Ce ne sont pas tous des jeunes marginaux ou des cas sociaux issus de l’immigration et des banlieues, comme nous aimerons le croire. Non, il s'agit aussi de jeunes sans histoires, bien intégrés socialement et issus de familles dites "normales". L'essentiel des recrues a entre 18 et 29 ans, mais on compte aussi des adolescents de 15-17 ans et des filles, même si celles-ci restent minoritaires.
La démarche de ces jeunes nous déconcerte et nous dérange, tant nous aimerions évacuer ce constat de notre champ de conscience, comme pour se tenir éloigné de cette barbarie.

Pourquoi , pourquoi ces jeunes franchissent-ils ce pas si incompréhensible pour nous ? Ce point d'interrogation nous est renvoyé brutalement en pleine figure.
Certes, pour rendre compte de ce phénomène, on  peut évoquer la fragilité et l'influençabilité propres à l’adolescence ; on peut aussi accuser l'efficacité redoutable des réseaux sociaux à colporter le «  message » djihadiste et son endoctrinement, mais ces explications ne viennent pas à bout de l'interrogation posée à l'Occident.
Le pouvoir de fascination exercé par les combattants djihadistes est fondé sur des promesses. Actes de dépassement de soi et d''héroïsme, vie en communauté solidaire et perspectives d'un au-delà radieux sont les ingrédients de leur attrait.

Au regard de ces promesses, quelle alternative, quel avenir désirable offrons-nous à la jeunesse ?  
La religion du progrès est en panne, l'ascenseur social s'est grippé, mettant un terme à la perspective que les enfants vivraient mieux que leurs parents. Au contraire l'avenir se charge toujours plus d'incertitudes et c’est cette peur et ce sentiment d’insécurité qui se transmettent aux jeunes générations. Ce n'est plus un avenir désirable que nous leur offrons, mais plutôt la peur d'un avenir plombé de menaces. 
Notre société ne fait plus rêver.
Le consumérisme, l’engoûement pour les dernières nouveauté  et les produits high techs toujours plus sophistiqués ne suffisent pas à donner du sens à la vie. Non seulement notre société du progrès et de l’avoir n'est plus en mesure d'offrir ce qu'elle promettait aux générations des trente glorieuses; mais elle révèle aujourd’hui à quel point elle a été réductrice en niant la dimension spirituelle de l’homme, la dimension de l’être.
Notre vide renvoie à l'absence de sens, au vide de sens qui caractérise notre monde actuel.
Dans ce contexte, caractérisé par une absence de valeurs et de repères, les jeunes ont du mal à se construire une identité. 
C’est cette question qui nous est renvoyée à travers ce phénomène de société.



18/10/2014
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