Réplique
Quand tout est sombre, quand tout est noir, il est naturel, c'est-à-dire compréhensible de s’effondrer. Ne viennent alors que des pensées négatives.
Pourtant, au cœur de la pire tourmente, la jeune juive Etty Hillesum, morte à Auschwitz, témoigne "la vie est belle" : « La vie est belle pourtant ! C’est un sentiment inexplicable, il ne trouve aucun appui dans la réalité que nous vivons en ce moment [...] Je voudrais être sur tous les fronts et parmi ceux qui souffrent ». Et encore : « Il y a aussi la réalité de ce petit cyclamen rose indien et celle aussi du vaste horizon qu’on finit par découvrir au-delà des tumultes et du chaos de l’époque».
Il n’est pas de jour ces jours-ci, il n’est pas d'heure ces heures-ci que ne nous viennent les terribles nouvelles du Japon. La violence meurtrière de la nature déchaînée. Séismes, tsunamis, 500 kilomètres de côtes dévastées, villes et villages rayés de la carte, des milliers de victimes, des centaines de milliers de réfugiés. La catastrophe nucléaire. Le pire est là. Toutes ces nouvelles nous anéantissent. Nous ne sommes pas les victimes mais par compassion nous sommes anéantis.
Et pourtant, inlassablement, sans répit, s'écoulent dans mon esprit ces paroles de René Char :
De tout temps j’ai aimé sur un chemin de terre la proximité d’un filet d’eau tombé du ciel qui vient et va se chassant seul et la tendre gaucherie de l’herbe médiane qu’une charge de pierre arrête comme un revers obscur met fin à la pensée.
(L’abri rudoyé)
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