Ces quelques jours sur l'atoll "Tikehau la Sauvage", comme la brochure touristique en fait la publicité, m'interpellent quant au concept de "sauvage".
Notre société de consommation occidentale, pour laquelle le confort est une évidence acquise, attache en conséquence une connotation uniquement positive à "sauvage". Sauvage c'est un endroit (i) génial, (ii) naturel et (iii) que tu es seul à connaître (les autres, les débiles, le tout venant, va à l'endroit touristique). C'est la tranquillité. C'est aussi la différence, l'individualisme, je dirais presque l'élitisme. D'où l'utilisation du mot sauvage dans : Parfum sauvage (à 500€ la bouteille). Femme sauvage (habillée en Dior)...
"Une île sauvage" c'est donc : seuls sur une grande plage de sable blanc, le lagon bleu, le soleil, la peau lisse et bronzée, l'amour sur la plage...
Or Tikehau ce n'est pas tout à fait ça. Tikehau c'est :
- La mer infestée de requins jusqu'à 50cm du bord. Bon d'accord ils ont un point noir sur l'aileron et comme disent les locaux : "Si tu vois un point noir sur l'aileron, il est pas dangereux. Si c'est point blanc, très dangereux !" Mais le requin au point noir est-il au courant lui qu'il est pas censé être dangereux ? (Et je te passe les détails sur comment discerner le point sur l'aileron quand tu te retrouves avec le requin en pleine face sous l'eau)
- La terre quadrillée par des chiens errants méchants. Depuis notre arrivée on se demandait par quel mystère tous les habitants avaient à la maison des chiots tout mignons, jamais de chien adulte. Affaire : résolue. Les locaux se déplacent toujours avec un caillou dans la main pour se défendre.
- Et partout, partout (surtout dans ton lit), des insectes et du sable... (tiens, une fourmi mutante traverse mon écran à cet instant)
De mon côté je trouve ces requins fascinants, et avec un peu d'entraînement on peut survivre aux chiens. Quant à la douche, c'est un concept que j'ai déjà mis de côté depuis longtemps. Je ne reviendrai pas à Tikehau, mais j'ai apprécié ces quelques jours d'expérience. Ce n'est pas Tikehau qu'il faut critiquer, mais notre acceptation déformée du concept de sauvage.