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Dans un bloc-notes récent publié dans l'hebdomadaire La Vie, Jean-Claude Guillebaud, reprenant le propos du philosophe Marcel Gauchet dans une interview sur France Inter, qui constatait l'évanouissement de la pensée politique actuelle et invitait à "se remettre à penser", commente : "Il n'est pas sûr, hélas, qu'on en prenne vraiment le chemin du côté des politiques".

Du côté des politiques certes, on les voit plus préoccupés de stratégies électorales, de questions d'alliances et de problèmes d'ego, que de penser une nouvelle société.

Mais comment faudrait-il s'y prendre pour "se remettre à penser " ? L'injonction est là mais quel est le chemin ?

Il faudrait d'abord s'astreindre à vouloir penser. Hannah Harendt a stigmatisé l'absence de pensée comme étant ce qui a permis en son temps l'éclosion du totalitarisme. La menace n'est pas écartée.

Il faudrait ensuite s'exercer à penser large. A monde complexe pensée complexe. Le temps n'est plus où l'on pouvait penser les choses indépendamment les unes des autres. Tout est relié. La crise actuelle vient encore de le rappeler. Non seulement l'économie est de fait globalisée mais elle ne fait pas domaine à part. Il n'y a pas l'économie d'un côté, le système de valeurs de l'autre. Il faut donc s'exercer à penser relié et à travailler dans le jeu multiple des interactions et rétroactions.

Mais "se remettre à penser" peut aussi nous amener à nous interroger sur ce qui constitue nos cadres de référence. Pour répondre, par exemple, au défi écologique, le "Vivez en harmonie avec la Terre" de la pensée orientale est plus juste que le "Dominez la Terre" de la tradition biblique qui a implicitement justifié des comportements d'exploitation dont l'outrance est une menace pour l'intégrité de la planète.

Travailler à penser demande du courage : on sait où le chemin commence, on ne sait où il finit.