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Le projet de réforme des retraites est passé en force. Et après ?

On a eu d'un côté les parlementaires qui ont discuté en enceinte fermée d'un texte technique dont les principes n'ont pas été partagés. De l'autre des manifestants qui jour après jour ont exprimé dans la rue leur opposition à cette réforme perçue comme injuste.

Il a manqué une véritable concertation avec les syndicats, les partis, les associations se donnant pour objectif premier de partager le problème : de quelle nature est-il ? Quels en sont les paramètres ? Le problème des retraites n'est pas seulement de nature financière, démographique.  Les enjeux  en sont plus globaux, de nature sociétale. Quelle société voulons-nous ? Quel avenir possible ? La question des retraites est à replacer dans ce contexte de l'avenir, qui suscite l'inquiétude des Français. De quoi est faite cette inquiétude, comment y répondre ?

Une telle concertation demande du temps, beaucoup de temps, et demande surtout qu'on y croit, c'est-à-dire qu'on croit aux vertus du dialogue et de l'intelligence collective. Au lieu de cela on a préféré passer en force, ce qui n'est jamais bon en démocratie, et attise les réactions.

Ces réactions ont débordé du cadre du projet de réforme, comme si ce projet avait été le catalyseur d'un malaise plus profond. Le sentiment d'injustice qui s'est exprimé s'est nourri, ce n'est pas un hasard, de l'affaire Woerth-Bettencourt, qui ne concerne pas les retraites mais dans laquelle on retrouve les ingrédients de l'injustice ressentie : perception d'un monde à part, dans lequel l'argent n'a pas la valeur qu'il a pour les gens du commun, petits arrangements entre amis etc.

La réforme passée, le problème sociétal de fond n'a pas été traité, le sentiment d'injustice est toujours présent. Le malaise est toujours là. Il peut resortir à tout moment.