voilacestdit

L’idée, confirmée par la théorie de la relativité générale et les observations astronomiques, que l’Univers a eu un début absolu, conforte selon toute apparence la conception de la Genèse d’une création ex nihilo, et contredit en revanche toutes les visions du monde cycliques, comme on les trouve notamment en Orient. En fait, ce n’est pas aussi simple. 

 

 

Lorsqu’on lit dans la Genèse que Dieu créa le monde en sept jours, il ne vient à l’esprit de personne (sauf des fondamentalistes, notamment des créationnistes) de prendre les choses au pied de la lettre. C’est manière de parler pour faire passer le message auprès des croyants que tout vient de Dieu et se tient dans la main de Dieu. Envisager les choses autrement reviendrait à ramener Dieu dans le champ de la création, c’est-à-dire au plan physique. Or les métaphysiques religieuses ne se situent pas sur le même plan que la physique. L’expression « métaphysique » indique bien d’ailleurs qu’on se situe « meta », c’est-à-dire « au-delà », de la physique. 

 

Pour moi il est ainsi absurde de vouloir prouver, à partir de faits cosmologiques, l'existence de Dieu. Les fameuses « preuves » que certains auteurs, récemment encore, prétendent « révéler », ne valent rien en tant que soi-disant preuves. La formule « Dieu existe » ne veut d’ailleurs formellement rien dire. Car exister, c’est exister dans l’espace-temps, et l’espace-temps naît avec le Big Bang. Un dieu créateur ne saurait donc exister dans le champ physique. En revanche, le plan métaphysique ouvre des béances vers de nouvelles dimensions, qui échappent à la rationalité pure, mais dont on peut avoir des intuitions au niveau de l’esprit.

 

Cette ouverture vers une dimension autre non saisissable expérimentalement au plan physique de l’espace-temps et la matière, laisse place à la possibilité d'un dieu créateur qui serait à l’origine du commencement absolu de l'Univers, mais rien n’est ni ne peut être prouvé. J’ai lu récemment un tweet du philosophe Edgar Morin (il vient tout juste d'avoir 101 ans !) qui écrit : « Dans cette nuit, l’amour est mon mythe, mon credo, mon pari ». Un croyant pourrait paraphraser : « Dieu est mon mythe, mon credo, mon pari ». Mon mythe : car le mot peut désigner cette dimension autre qui ne relève pas de la science ; mon credo : car la foi permet l’ouverture vers Dieu ; mon pari : on retrouve le pari de Pascal !

 

Certains arguent que « le début absolu de l’Univers nécessite une cause transcendante à son existence car :

• Tout ce qui a un commencement a une cause

• Or l’Univers a un commencement

• Donc l’Univers a une cause ».

 

Je n’ai jamais aimé les syllogismes, qui sous l’apparence d’un mécano parfait entraînent parfois la pensée sur des chemins faussement rationnels. Ce syllogisme en l’occurence n'est valable que dans dans le domaine physique. Passer de « cause »  à : « cause transcendante » est faussement induit. Je pense que sur le plan physique de la cosmologie, tout ce que je peux affirmer concernant une éventuelle cause transcendante est : « je sais que je ne sais pas ». Oui, il y a place pour un dieu créateur ; le récit de la Création au niveau mythique de la Genèse n’est pas non conforme avec l’existence d’un commencement absolu. Mais croire en un dieu créateur relève d’un autre domaine, personnel, celui de la foi. Pour moi un commencement absolu de l’Univers ne « prouve » rien quant à l’existence ou non d’un principe créateur. Ne pourrait-ce pas tout aussi bien être le fait du hasard ?

 

Nouvelle question qui s'ouvre...  Il faudra revenir aussi sur la non compatibilité, ou non, des visions cycliques du monde avec les données scientifiques de la cosmologie... 

 

 

 

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