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Dans l'attente du jour d'après

  

 
Le "jour d’après" donne lieu à bien des supputations, pas seulement quant à sa date, mais pour ce qu’on en fera. Se relever d’abord, oui, mais pour faire quoi, du neuf espère-t-on, mais dans quelles conditions ? 
 
Edgar Morin, qui s’y connaît dans ce genre de prospective, ne s’avance pas trop. Il écrit dans un tweet : « Pour "l'après" les uns s'attendent à un chaos catastrophique, les autres à une ère de barbarie planétaire, les autres au renouveau, d'autres (grâce aux catastrophes humaines) au salut de la biosphère terrestre. Je m'attends à tout et à autre chose ».
 
Eric Piolle, pour sa part, et c’est bien aussi, affiche son volontarisme : "Le confinement ouvre une brèche qui doit être l'acte 1 d'une Renaissance dans tous les domaines. Nous devrons prendre le temps de déconfiner nos imaginaires pour construire ensemble une communauté robuste. »
 
Mais comment déconfiner notre imaginaire ?
 
Après mûres réflexions, je pense qu’on devrait s’inspirer de la méthode de Rabelais. Car chez Rabelais, tout est renaissance : pas seulement la langue, mais la science, le corps, la pensée, et en plus le rire. J’aime entendre Pantagruel faire cet éloge : « Que nuit de toujours savoir et toujours apprendre, fût-ce d’un pot, d’une guedoufle, d’une moufle, d’une pantoufle ? » Pantagruel lui-même est dit « amateur de pérégrinité et désirant toujours voir et toujours apprendre ». Oui, on a toujours à apprendre, des choses, de la nature, et aussi de ce qui nous a conduit à aujourd'hui, pour se rendre capable d'imaginer ce qu’il y aura à faire, résolument, demain. 
 
Il y aura de l’inventivité — mais il y a aujourd’hui, et il y aura demain, beaucoup de souffrances :
 
Un monde de douleur et de peine
alors même que les cerisiers
sont en fleur,
 
dit un haïku.
 
Les médias bruissent de beaucoup de propos, d’alertes, d’analyses, de discours de savants sachant ou sachant pas — mais on a besoin aussi, pour déconfiner l’imaginaire et laisser place à la compassion, d’un peu de silence :
 
Rien d’autre aujourd’hui
que d’aller dans le printemps
rien de plus.
 
 
 


13/04/2020
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