voilacestdit

Ce ne sont pas vraiment des nouvelles nouvelles, puisque, ayant rejoint l'unité rééducation vendredi soir, week-end obligeant, il ne se passe pas grand chose ces deux jours. Mais j'ai eu envie de communiquer ce texte et ce dessin de ma petite-fille Jordane, bientôt 7 ans. J'ai toujours été étonné du regard des enfants. Ils voient la même chose que nous, et pourtant c'est parfois comme s'ils allaient naturellement d'emblée au plus essentiel, comme s'ils voyaient à coeur pour ainsi dire. Voici donc comment Jordane voit le passage de l'unité Médecine, où, c'est vrai, les nuits sont plutôt inconfortables, entrecoupées de nombreuses visites de soignants à toute heure, à l'unité Rééducation, où les nuits sont bien plus cool, avec une seule visite dans la soirée. Ça change tout !

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Je me suis remémoré les pages d'Azur noir où Léo devenant aveugle, acquiert dans sa rencontre fulgurante avec Rimbaud la capacité d'être "voyant". Je relis la puissante citation de Rimbaud :  "Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche en lui-même, il épuise tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. [...] Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues !" 

Dans le roman, Léo va de fait faire exploser le cadre de sa vie et connaître bien des expériences limites inconnues de lui. Je n'ai rien connu pour ma part de ces expériences-limites ni de l'exploration des extrêmes. Je n'ai connu qu'un moment, en 68, où collectivement tout paru soudain possible, l'impensable pensable, le rêve réalisable, la vie réinventable. Nous étions des rêveurs. Mais méfiez-vous des rêveurs, il en reste toujours quelque chose. Car le rêveur est allé de l'autre côté et il n'en revient pas identique.