Encore la crise
"Le printemps arrive, autant s'y préparer"
Ce titre tiré d'une rubrique du Monde [daté dimanche 15-lundi 16 février 2009]annonce-t-il un début de fin de crise ? Mais rien n'est acquis d'avance. Le journal avertit d'un ton volontariste : "Il faut s'y mettre" tout en tempérant : "Il faut y aller doucement, et bien regarder où l'on met les pieds".
C'est vrai que dans la situation présente il faut une détermination exemplaire si on veut pouvoir s'en sortir. Obama à nouveau trace la voie : il a su trouver les mots justes dans son discours devant le Congrès pour galvaniser les foules américaines.
Verbatim : "Notre économie est affaiblie et notre confiance ébranlée; nous vivons des temps difficiles et incertains; mais ce soir je veux que tous les américains sachent ceci : nous allons reconstruire, nous allons nous rétablir, et les Etats-Unis d'Amérique en sortiront plus forts qu'auparavant" etc.
[Noter : on retrouve la même structure ternaire que j'ai déjà signalée dans des billets précédents sur l'efficace des discours - structure parfaitement illustrée par l'adresse de Bonaparte aux soldats d'Italie : (1) "Vous" dans la situation présente (2) "Je" : mon action (3) "Nous" : l'orateur donne corps à un rêve/une vision qu'il fait partager.]
Mais savoir aussi où on met les pieds. De ce point de vue, le secrétaire d'Etat Yves Jego n'a peut-être pas été aussi "nul" qu'a voulu faire croire son patron dans la gestion de crise en Guadeloupe. Il a compris qu'on n'allait pas s'en sortir cette fois-ci avec les "bricolages" qu'on a connus dans le passé comme, par exemple, en 1975, l'invention par VGE d'une allocation de parent isolé, appelée par les Guadeloupéens "allocation de femme seule" - allocation qui a fait des dégâts considérables dans cette société matriarcale [bon nombre de femmes ont eu des enfants de pères différents pour cumuler les allocations] - sans rien résoudre des problèmes de fond.
YJ semble avoir pris la mesure du problème : une affaire de racisme à la base des dysfonctionnements économiques. Simplement dit : 1% de la population, les békés, qui trustent la totalité des circuits de production et de distribution à leur avantage exclusif, sous le regard impavide de l'Etat .
Savoir où on met les pieds, prendre la mesure des problèmes, est la première et essentielle étape de résolution de crise. Sans quoi on ne fera que mettre des cautères sur une jambe de bois. Mais il y a une autre étape, encore plus difficile : penser les choses autrement. La voie ne consiste pas à améliorer les situations à l'intérieur de la manière habituelle de fonctionner, mais à passer sur un autre plan, une autre manière de concevoir et de penser la réalité.
De cela l'article du Monde ne parle pas.
Mais au fait, toutes mes excuses, je réalise après relecture que l'article en question ne relève pas de la rubrique "Analyse politique" mais "Jardins & Jardinières".
I screw up ! [J'ai foiré !]
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