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Connaître d'étranges hauteurs...

 

 

 

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L’incendie de Notre-Dame donne décidément à réfléchir, non seulement sur la valeur de notre patrimoine, sur les moyens de le conserver, mais aussi et simplement sur le sens que cela peut prendre.
 
René Char écrit : « Tout en nous ne devrait être qu’une fête joyeuse quand quelque chose que nous n’avons pas prévu, que nous n’éclairons pas, qui va parler à notre coeur, par ses seuls moyens, s’accomplit. » [ La bibliothèque est en feu ]. 
 
Il y a dans cet événement — cet « accident » au sens étymologique (du latin accedere, « qui arrive ») — quelque chose de cela : pas prévu, que nous n’éclairons pas mais qui parle à notre coeur, et s'accomplit. 
 
Dans l’ordre de l’accomplissement des choses, je mets cette « divine surprise » comme elle est nommée dans cet article paru dans les jours qui ont suivi l’incendie :
 
« Le premier constat des architectes qui travaillent nuit et jour au chevet du monument malade est le coup de chapeau à leurs lointains homologues du Moyen-âge : "Les voûtes en pierre, sous la charpente, ont fait office de coupe-feu et ont protégé les vitraux de la chaleur de l’incendie", constate Charlotte Hubert, architecte en chef de Notre-Dame de Paris. Grâce à ces voûtes, les deux grandes rosaces, dont on pouvait craindre que le plomb fonde, ont été sauvées. Autre divine surprise le fait que la toiture de la nef n’ait pas été solidaire de la façade entre les deux beffrois. "Cela aussi c’était très bien vu des constructeurs, admet Frédéric Didier architecte en chef du château de Versailles. Du coup les beffrois étaient indépendants de la toiture principale et ont ainsi pu être épargnés". » 
 
Je mets aussi au-delà de cette divine surprise la redécouverte de tout le travail des architectes, artisans, compagnons qui ont oeuvré pour bâtir cette cathédrale. On connaît cette fable attribuée à Charles Péguy qui sur le chemin de Chartres rencontre au cours de sa pérégrination trois hommes qui cassent des cailloux à grands coups de maillet, auxquels il pose la même question : « Que fais-tu ? ». « Je casse des pierres », dit le premier. « Je gagne ma vie », explique le deuxième. « Je bâtis une cathédrale », répond le troisième. Je commente : celui-là était un compagnon.
 
L’incendie a été vécu comme une fatalité. René Char — encore lui — écrit : « Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaîtras d’étranges hauteurs. » [Le bulletin des Baux ]
 
La charpente en chêne du XIIIᵉ siècle est partie en fumée, on ne la retrouvera jamais. Il faudra sans doute repenser les choses avec d’autres matériaux, modernes, plus résistants, plus légers, repenser la flèche etc. sans trahir l’esprit de nos ancêtres. 
 
Mieux que cela : et si la reconstruction pouvait nous faire connaître ultimement d’ « étranges hauteurs » ? 
 
 
 
 
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13/05/2019
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