voilacestdit

Il y a un débat sur la place, ou non, de la crèche dans des lieux publics laïques, c’est-à-dire indépendants des organisations religieuses, comme les mairies, les écoles, centres commerciaux etc.  Il n’est pas dans mes intentions d’entrer dans ce débat - bien illustré par le dessin de Chard ci-dessous - mais plutôt de me poser cette question, qui n’est pas abordée dans le débat : que représente cette figuration dans  notre société ?

 

Celui qui relit Le Petit Prince se remet presque instinctivement dans l’état d’esprit d’un enfant, il abandonne les habits (et les habitudes, les façons de penser) d’un adulte, pour entrer, le temps de la lecture (de la rêverie, de la méditation), dans le monde du Petit Prince. « - S’il vous plaît… dessine-moi un mouton... », a demandé le petit prince… Aucun dessin ne convient, sauf le dernier, griffonné faute de patience : " - Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. - C’est tout à fait comme cela que je le voulais ! » … Le petit prince est satisfait et va prendre soin de son petit mouton, qui est dans la caisse, invisible aux yeux de l’extérieur. Tous les enfants comprennent le petit prince.

 

La crèche, avec l’âne et le boeuf et la mangeoire, est un étrange réceptacle pour accueillir ce qui relève d’un si grand mystère qui nous englobe et nous dépasse. On aurait plutôt imaginé un grand palais, avec de nombreux serviteurs, des richesses à profusion, pour être à la hauteur de l’événement - faire signe dans le monde des hommes avec les attributs reconnaissables de la société de l’avoir. Mais non, ce mystère n’est pas de l’ordre de l’avoir ; c'est celui de l’être, invisible aux yeux de l'extérieur. Ce mystère est accessible à l’esprit d’enfance.

 

La question n’est pas tellement celle de la place de la crèche dans un lieu public, que de la place de la crèche dans une société de l'avoir.