Voyage aux confins de l'Univers (IV) Et l'homme habita la Terre
La première image de l’amas de galaxies SMACS 0723 tel qu'il existait il y a 4 milliards d'années,
apparu il y a 13 milliards d'années peu après le Big Bang,
produite le 11 juillet 2022 par le plus puissant télescope spatial jamais conçu,
James-Webb de la NASA,
"l'image la plus profonde de l’Univers lointain à ce jour"
« Le monde est non seulement plus étrange que nous l’imaginons, mais plus étrange que nous sommes en mesure de l’imaginer »
(John Eccles)
Notre voyage imaginaire aux confins de l’Univers nous réserve encore d'étranges surprises qui excitent l’imagination et donnent à penser. Certes, on l’a vu, impossible d'explorer quoi que ce soit d’avant le Big Bang, car rien n’existe, ni du temps, ni de l’espace et de la matière, avant le commencement absolu. Rien à observer non plus de la gigantesque explosion qui a accompagné les premiers instants de l’Univers. — Si, peut-être en reste-t-il quelques traces, se demanda l’astrophysicien d’origine russe George Gamow, dont les calculs l'amenèrent, en 1948, à la conclusion qu’il devait encore subsister à notre époque un faible rayonnement résiduel, observable en principe avec des radiotélescopes.
De fait, ce rayonnement cosmique fut bel et bien observé, en 1965, par deux astronomes américains, Arno Penzias et Robert Wilson, grâce à un nouveau type de radiotélescope ! Depuis cette période, ce rayonnement, dont l'existence avérée, prévue théoriquement par les calculs de Gamow, valide l’hypothèse du Big Bang, est étudié avec toujours plus de précision. Il permet de quasiment reconstituer l’histoire des débuts de l’Univers à partir du Big Bang.
L’époque de l’émission de ce rayonnement cosmologique, quand l’Univers avait environ 400 000 ans, correspond à l’apparition des premiers atomes et à la formation de la première lumière visible, qui rend l’Univers observable. C’est l’époque aussi de la formation des premiers germes de galaxies et d’étoiles qui commenceront à briller entre 400 000 ans et 1 milliard d’années après le Big Bang. Après 3 à 5 milliards d’années, tous les atomes qui constituent les composants de notre planète terrestre achèvent de se former. Enfin, après 9 milliards d’années, le Soleil commence à se constituer, et le système solaire, notre Terre et la vie naîssent au terme d’une histoire de près de 14 milliards d’années.
Cette fantastique histoire, qui aboutit à l’émergence de la vie et de la conscience sur Terre, intrigue. Comment cette histoire, notre histoire, a-t-elle été rendue possible ? Le constat a minima est que, si nous existons, c’est que l’Univers a rendu notre existence possible et que, s’il l’a rendue possible, c’est que les « conditions initiales » de l'Univers, dès le Big Bang, le permettaient. Si les lois de la physique n’avaient pas été agencées comme elles le sont, il n’y aurait pas eu de vie, et nous ne serions pas là pour en parler.
Certains cependant vont beaucoup plus loin et pensent que l’émergence de l’homme ne peut être le fait du simple agencement des lois physiques, mais suppose une volonté créatrice au départ. Ils parlent alors d’un « principe anthropique » (du grec anthropos, « homme »), en faisant entrer dans la science la notion de finalité. L’idée, selon eux, est que le « réglage fin » des données initiales, lois, constantes et structures de l’Univers — aboutissant à l’apparition de la vie et de la conscience — ne peut être le fruit du hasard mais nécessite un principe d’organisation, l’existence d’un esprit conscient et intelligent, qu’ils nomment Dieu.
Je n’adhère pas pour ma part au principe anthropique, car c’est mélanger les genres. La science ne relève pas de la métaphysique mais de la physique. De plus, au demeurant, cette question anthropique ne me travaille pas plus que cela : hasard ou pas, finalité ou pas — j’admire la beauté du processus qui amène là où nous sommes, au sein de notre Univers. Cette beauté m’enchante et m’intrigue. L’Univers a-t-il besoin d’une finalité pour que la conscience apparaisse ? je ne sais. Je sais seulement que la conscience a émergé — et ce mystère m’emplit de stupeur et d’admiration, car il ouvre la voie vers cette dimension autre que la physique, métaphysique pour tout dire, sur laquelle la science ne peut que rester muette, car ce n’est pas de son ordre, mais dont nous avons à apprendre auprès des poètes, des artistes et des mystiques. La beauté est un chemin d'accès vers la Voie.
L’Univers physique n’englobe pas tout, voilà encore une surprise de notre voyage imaginaire aux confins de l’Univers. Les confins de l’Univers, ce ne sont pas seulement les débuts, la fin, il existe aux confins une béance, la dimension de la conscience ou de l’« esprit », qui a « émergé » de la matière, sans pouvoir en aucun cas être déduit des composés matériels.
Mise en abîme du mystère : « Le monde est non seulement plus étrange que nous l’imaginons, mais plus étrange que nous sommes en mesure de l’imaginer »...
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