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Les Fossoyeurs. Complément de billet

 

 

Le dernier billet sur Les Fossoyeurs a suscité un certain nombre de réactions sur le blog ou ma messagerie personnelle, avec parfois des partages d'expériences souvent douloureuses, montrant l'extrême sensibilité du sujet, mais aussi le besoin d'une réflexion sur la place des aînés, le sens que cela a de vivre plus longtemps certes, mais comment vivre bien, vivre tout court, jusqu'au bout ?

 

Le scandale du système Orpéa, dénoncé par le livre-enquête de Victor Castanet, jette une lumière crue sur le business du grand âge. On découvre que, oui, on peut "se faire du fric sur le dos des vieux". Et il ne s'agit pas que d'Orpéa. À preuve, ce ne sont pas moins d'une dizaine d'entrepreneurs qu'on retrouve présents dans les 500 fortunes du classement de Challenges grâce au business du grand âge. Dont Jean-Claude Marian (Orpéa) pour 500 millions d'euros ; Jean-François Gobertier (GDP Vendôme) pour 550 millions ; Dominique Pellé (Domidep, numéro 5 français des Ehpad) pour 275 millions d'euros etc.

 

La particularité d'Orpéa est d'avoir monté un véritable "système" voué à capter de l'argent à tous les étages possibles, que ce soit sur le prix de journée (que paient les familles), ou en se faisant des marges sur les financements publics de l'Assurance maladie ou des régions (strictement interdit). Il n'y a pas que cela. Orpea est passé aussi champion toutes catégories pour l'obtention précieuse des autorisations d'ouverture de nouveaux Ehpad. Avec la connivence de certains politiques. Ainsi Castanet cite nommément dans son enquête Xavier Bertrand, ministre de la Santé, puis ministre du Travail entre 2005 et 2012, ayant conservé dans ses attributions de ministre du Travail, contre toute logique, le secteur de la dépendance (tiens ? pourquoi ?). Toujours est-il que le groupe Orpéa n'a jamais connu un développement aussi spectaculaire de créations d'Ehpad qu'en ces années-là... D'après les témoins du premier cercle, il était fréquent d'entendre Marian dire, pour débloquer un dossier : "OK, j'appelle l'assureur [Xavier Bertrand, assureur de son métier] !"...

 

Il faudrait aussi parler de l'incroyable carence des ARS à contrôler les Ehpad, cela fait partie de leur mission, mais ils n'ont pas les moyens, alors les contrôles sont inexistants ou fort mal menés. 

 

Tous les Ehpad sont-ils comme ceux d'Orpéa ? Aucun autre groupe n'atteint probablement le degré de sophistication d'Orpéa, avec les risques systémiques que cela engendre : déshumanisation, gestion exclusivement comptable d'êtres humains vulnérables. Malheureusement, de nombreux témoignages prouvent que cette déshumanisation n'est pas le lot du seul groupe Orpéa, ni même des seuls groupes privés, à but lucratif ou non. Cependant, mon épouse et moi pouvons en témoigner, il existe aussi (encore) des établissements où l'humain est préservé : ma belle-mère, décédée il y a un peu plus d'un an à l'âge de 102 ans, a passé les trois dernières années de sa vie dans un Ehpad privé à Besançon, remarquablement entourée d'un personnel dévoué, dans un cadre avenant, profitant de repas de très bonne qualité cuisinés sur place... 

 

Quand, enfin, prendra-t-on vraiment en compte, y compris en termes de priorité financière, le bien vivre des anciens, la bienveillance à leur égard ? Quand rendra-t-on impossible, y compris en changeant la loi, l'existence de business du grand âge ?

 

Pour ceux qui voudraient jeter un coup d'oeil sur le livre-enquête de Victor Castanet, c'est ici en pdf. 

 

 

 

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15/02/2022
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