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L'espérance survit

 

 
2020 restera dans les mémoires comme une annus horribilis, mais qu’en sera-t-il de 2021 nul ne le sait, ni comment l'aborder, dans quel état d'esprit ? Certains hésitent même à souhaiter la Bonne Année, de crainte d’être démentis par les événements. Pourtant, j’entends ce que dit René Char : “Le réel quelquefois désaltère l'espérance. C'est pourquoi, contre toute attente, l'espérance survit.” Et si ce réel que nous venons d'affronter désaltérait l’espérance ?
 
 

L’an foiré

 
Cette année 2020 nous avons tous vécu, tous dans notre société et notre vie personnelle, et simultanément dans le monde entier — ce qui est un fait unique — un traumatisme inimaginable. L’humanité s’est battue pour sa survie. Certains ont longtemps dit qu’on en faisait beaucoup pour simplement sauver la vie de quelques anciens plus fragiles, mais de toute façon en fin de parcours. La réalité s’est révélée autre. C’est tout le monde qui s’est trouvé en mode survie. Les dirigeants ont alors imposé des mesures drastiques, inimaginables elles aussi en dehors de période de guerre, le confinement, le couvre-feu. Le mot guerre a d’ailleurs été largement utilisé. Dans cette guerre, chacun a été mis à contribution. Nous avons accepté la restriction de libertés fondamentales comme celle de circuler, il a fallu nous terrer, qui dans son tout petit logement, qui dans sa résidence à la campagne — où l’on voit l’injustice des situations  —, nous limiter à ce qui était défini (par le pouvoir) comme essentiel, accepter toutes ces contraintes, les gestes barrières, le port du masque : renoncer à une part de notre vie. Sur le plan sociétal, l'économie a été sommée de se soumettre à des diktats, inimaginables eux aussi il y a peu, instaurer le travail à distance, voire, dans certains cas (restauration, culture…) renoncer provisoirement à toute activité… 
 
 

Et si on voyait les choses autrement ?

 
Nous avons vécu chacun, sur toute la terre et en même temps, un traumatisme qui nous marque, mais il ne faudrait pas qu’il nous plombe, que nous restions sidérés, les bras ballants, incapables d’agir, ou réagir. Cette annus horribilis, à y regarder de près, a présenté aussi, au-delà des peurs et des souffrances, des aspects qui donnent à penser. Peut-être une nouvelle période historique est-elle en train de s’ouvrir. Voyons déjà, au plan des valeurs, la place de la santé. Qui ne se souvient de l’obstination des politiques, dans les années 2010, à vouloir considérer les hôpitaux comme des entreprises, c’est-à-dire des centres de profit, et non de lieux où on dispense à toute la population les soins selon ses besoins ? Qui ne se souvient des lamentables atermoiements des autorités, il y a seulement 2 ans, pour finalement, après bien des manifestations et des grèves, accorder quelques centaines de millions à l’hôpital, rien sur la reconnaissance du personnel ? etc. Et voilà aujourd’hui la santé en passe d’être promue au plus haut dans nos valeurs. 
 
Autre aspect : nous avons connu l’État impuissant face à l'économie, incapable de rien imposer, ayant renoncé depuis Thatcher et Reagan à la faculté de pouvoir réguler les marchés. Aujourd’hui, les mêmes États, forts de leur légitimité retrouvée de défendre le bien commun, en imposent aux entreprises jusqu’à leur intimer de modifier leur organisation, voire les contraindre à cesser pour un temps leur activité, au nom de la sauvegarde de la santé des citoyens. Tout cela était inimaginable il y a seulement quelques mois. Il en va de même concernant la souveraineté, le contrôle des frontières. Comment ce qui était impensable est-il devenu pensé, et acté ?
 
 

Un futur différent imaginable

 
Si cela a été, est possible, c’est qu’un futur différent est imaginable, un futur dans lequel l’humain est le commun. Des opportunités sont ouvertes de facto de structurer un futur différent dans bien des domaines, par exemple en ce qui concerne nos rapports avec la nature, notamment le changement climatique. L’humanité, mondialement attaquée par le virus, a su bâtir en un temps record des réponses coordonnées, en prenant partout des mesures inimaginables auparavant, comme le confinement, le couvre-feu, la suspension d’activités non essentielles etc. C’est que l’humanité jouait de sa survie et a fait front en mettant en oeuvre des moyens inédits au nom du bien commun qu’est la santé, c’est-à-dire la vie des citoyens. La vie l’a emporté sur l’économique. La menace climatique n’est-elle pas de même nature que la menace des virus ? Dans l’un et l’autre cas, c’est l’humanité entière qui doit passer en mode survie pour s’en sortir. Ainsi est-il possible de repenser notre imaginaire permettant de structurer dans de nombreux domaines un futur différent, dans lequel l’humain est le commun. 
 
S’il en est ainsi, il nous faut aborder 2021 avec espérance en fixant résolument l’Étoile même si elle est trop haute : c’était, on le sait, la devise d'Alexandra David-Néel, la grande exploratrice du début du 20ème siècle :
 
« Marche à l’Étoile même si elle est trop haute ». 
 
2021, avec espérance !
 
 
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Nuit étoilée (Van Gogh)
 
 


30/12/2020
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