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Les hommes sont si nécessairement fous...

 

Le titre du billet est tiré de l’aphorisme bien connu de Blaise Pascal : « Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n’être pas fou. » (Pensées)
 
 
Nous vivons dans un monde fou, et qui nous fait peur : où est le rêve de Lumières et de rationalité que partageaient bien des hommes et des femmes du XVIIIᵉ siècle, dit précisément "siècle des Lumières" ?
 
Comment survivre à la folie de nos jours ? Comment ne pas entendre le dernier appel du résistant Claude Alphandéry, 101 ans, lancé quelques jours avant sa mort survenue le 26 mars, dans lequel il nous exhorte à empêcher une nouvelle nuit noire de l’humanité :
 
"Aujourd’hui, alors qu’hospitalisé mes forces déclinent, je viens vous demander de prendre l’engagement de tout faire, partout ou vous êtes avec les moyens qui sont les vôtres, pour empêcher une nouvelle nuit noire de l’humanité."
 
Comment ne pas entendre cet appel... Il y a le plan de l'action, individuelle et collective, mais il nous faut aussi, dans le même temps, tenir individuellement le coup, ne pas se laisser submerger par le flot des mauvaises nouvelles, il nous faut, en un mot, survivre.
 
Souvenons-nous comme nous étions bouleversés, désemparés, perdant nos repères personnels, il y a tout juste 4 ans ; c'était, fin mars 2020, le premier confinement, inouï, impensable, qui débutait. Et puis nous avons oublié : il nous faut faire un effort pour nous remettre mentalement dans la situation de l'époque.
 
Nietzsche a écrit qu’ "il est absolument impossible de vivre sans oubli" car "toute action exige l’oubli". Il insiste sur la nécessité de "transformer et d’assimiler les choses passées […], de guérir de ses blessures, de réparer ses pertes, de reconstituer sur son propre fonds les formes brisées".
 
On porte les cicatrices (traumatisme) des actions passées ; il faut "reconstituer sur son propre fonds les formes brisées" — mais l'oubli du passé est nécessaire pour vivre.
 
Alors, s'agissant des événements actuels, en parallèle à l'action dans le présent, je tente pour ma part de me mettre par avance, avant même que le présent devienne le passé, en situation de l'oublier. C'est ma manière de tenir mes distances, et tenir le coup. 
 
Manière aussi de préserver des réserves de sentiment, de rêve, de poésie, qui ne sont pas envahies par la nécessaire folie des hommes.
 
Véritables antidotes pour une stratégie de l'oubli, invoquant Hypnos, le dieu du sommeil, père de Morphée, le dieu des rêves...
 
 
 
« Résistance n’est qu’espérance. Telle la lune d’Hypnos, pleine cette nuit de tous ses quartiers, demain vision sur le passage des poèmes »
(René Char, Feuillets d'Hypnos)
 
 


30/03/2024
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