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Sobriété

 

J’ai toujours été étonné de cette expression qu’on lit parfois  « Untel a été atteint par la limite d’âge » : n’est-ce pas plutôt la personne concernée qui atteint la limite ? Et pourtant, s’agissant des limites planétaires dont le dépassement menaçe les conditions de vie sur Terre, il me semble que ce sont bien ces limites qui aujourd’hui nous atteignent brutalement.
 
Le dérèglement climatique, depuis longtemps annoncé par les scientifiques, pouvait paraître encore lointain. On a vu à la télévision, il y a un an ou deux, des incendies gigantesques, mais c’était en Australie ou en Californie, des inondations engloutissant des territoires entiers, en Inde… Cet été des incendies incontrôlables ont ravagé notre propre territoire, des tornades non vues jusque là ont traversé nos régions : les limites arrivent jusqu’à nous.
 
A l’origine de ces phénomènes extrêmes : la suractivité humaine débridée, l’exploitation sans retenue des ressources naturelles pour fabriquer les produits destinés à la consommation sans limitation. L’urgence aujourd’hui est de lutter contre l'hubris et la démesure qui sont en train de détruire les conditions d’habitabilité de la planète. La course au superflu provoque des désastres sur le monde vivant, humain comme non humain, et exacerbe les inégalités sociales. Il est vital aujourd’hui d’apprendre à vivre avec moins.
 
La sobriété, face à cela, n’est pas une option mais une réaction nécessaire : une attitude juste à adopter, pas juste une attitude. Du latin sobrietas, la sobriété désignait anciennement la tempérance dans le boire et le manger, puis la modération, la mesure. Cette modération, cette mesure a à s’appliquer au plan collectif mais aussi au plan individuel, là où nous pouvons agir, en nous contentant de ce dont nous avons besoin, évitant le superflu et le gaspillage, comme une forme de résistance à l’hyperconsommation. 
 
Les actions individuelles inspirées par la volonté de sobriété peuvent paraître dérisoires en regard de l’immensité des enjeux. En réalité il n’en est rien car ces actions, en tant que telles, sont l’expression d’une prise de conscience. Cette idée de conscientisation est majeure, la conscience étant, comme disait Bachelard, « l’acte humain par excellence ». « Toute prise de conscience est un accroissement de conscience, une augmentation de lumière. » Plus il y a de conscience partagée, plus efficientes sont les forces collectives.
 
La sobriété prend un sens particulier dans le contexte des fêtes. Le bonheur ne réside pas dans l'avoir que propose le Noël marchand mais dans la simplification de l'être à quoi invite l'esprit de Noël. De fait, comme l'a bien noté Pierre Rabhi dans son essai Vers la sobriété heureuse, la sobriété relève du domaine spirituel : " Celui-ci, par le dépouillement intérieur qu'il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de notre mode d'existence."
 
 
 
 


17/12/2022
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